Il y a des jours où on ne peut pas se débarrasser d’une bombe...
Le 21 mars 2016
« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître », celui où Batman n’était pas un anti-héros dépressif mais un détective coloré et bedonnant qui se plaisait à échanger des bons mots avec son joyeux compagnon Robin. À l’occasion de la sortie de sa rencontre avec Superman, la version sixties du Chevalier Noir est de retour en salles dans une copie 4K restaurée pour les 50 ans du film.
- Réalisateur : Leslie H. Martinson
- Acteurs : Cesar Romero, Burgess Meredith, Lee Meriwether, Adam West, Burt Ward
- Genre : Film de super-héros
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h45mn
- Titre original : Batman : The Movie
- Date de sortie : 8 septembre 1967
- Voir le dossier : La série Batman, DC Comics au cinéma
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– Année de production : 1966
« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître », celui où Batman n’était pas un anti-héros dépressif mais un détective coloré et bedonnant qui se plaisait à échanger des bons mots avec son joyeux compagnon Robin. À l’occasion de la sortie de sa rencontre avec Superman, la version sixties du Chevalier Noir est de retour en salles dans une copie 4K restaurée pour les 50 ans du film.
L’argument : Batman et Robin combattent le Joker, Catwoman, le Pingouin et l’Homme-Mystère, unis dans le vol d’une invention capable de déshydrater entièrement tout être vivant.
- © Splendor Films
Notre avis : « Nous souhaitons exprimer notre gratitude aux ennemis du crime […] à travers le monde pour leur exemple inspiré. C’est à eux et aux amateurs d’aventures, aux amateurs d’évasion, aux amateurs de divertissements absolus, aux amateurs du ridicule et du bizarre, […] que ce film est respectueusement dédié. Si nous avons omis un groupe important d’amateurs, nos excuses. - Les producteurs ». C’est sur ce texte surréaliste que s’ouvre cette première véritable aventure cinématographique de Batman, le héros créé par Bob Kane et Bill Finger en 1939, soit un an après Superman. Si le héros de Gotham City avait déjà pointé le bout de ses oreilles dans deux sérials dans les années 40, cette adaptation signée Leslie H. Martinson (un réalisateur abonné au petit écran) de la fameuse série télé avec Adam West et Burt Ward, fut le second long-métrage mettant en scène un super-héros à apparaître sur grand écran après l’abominable Superman and the Mole Men avec George Reeves en 1951.
Devenu dans le monde des comics la mascotte des super-héros tordus et ténébreux depuis les années 80 (voire les années 70, selon les auteurs), le personnage de Batman est désormais reconnu pour son ambivalence et son côté torturé. Une image qui reflète la cité noire et rongée par le crime qu’il hantait dans les opus de Tim Burton, Christopher Nolan et prochainement Zach Snyder, malgré un petit détour dans la Gotham fluo de Joel Schumacher. Une identité qui lui va bien et qui fonctionne clairement au box-office mais qui est en opposition absolue avec la version présentée ici, qui verse à fond dans le délire sixties. Si l’ancienne série télévisée Batman est parfois considérée par certains fans comme un affront au personnage au même titre que l’hilarant Batman et Robin, il n’en est rien. Il s’agit tout simplement d’une parodie délurée et délicieusement colorée qui s’amuse ouvertement du concept même de super-héros et prend un malin plaisir à mêler absurdité totale (les devinettes de l’Homme-Mystère, qui n’ont absolument aucun sens logique) et un érotisme audacieux via les scènes avec Catwoman, campée par la superbe Lee Meriwether, qui enchaîne les jeux de mots tendancieux. Ajoutez à cela des allusions homo-érotiques bien enlevées entre Batman et Robin et une pincée d’effets spéciaux en caoutchouc, comme par exemple la fameuse scène du requin explosif où le chevalier noir utilise son Bat-Spray anti-requin. Ne sortez jamais sans. Le film prend un malin plaisir à tordre les codes du justicier de Gotham en poussant le tout à son paroxysme. Les tons délirants et colorés, la musique pop et les onomatopées kitsch contribuent également au charme intemporel du film et lui assurent une place de choix dans l’histoire de la pop-culture, plus proche d’Andy Warhol que de Frank Miller.
Le plus grand défaut du film vient de ses racines télévisuelles et d’un sens du timing comique antédiluvien. Si le côté kitsch des visuels sert bien le propos, les épisodes de la série ne dépassaient pas la vingtaine de minutes et le fait de devoir étirer l’intrigue pour un long-métrage à pour effet de provoquer quelques bâillements. Bref, si les plus jeunes n’adhéreront probablement pas à cette version bedonnante de Batman et Robin parfois aussi molle que son justicier, les amateurs d’absurde seront néanmoins rassasiés. Entre l’humour slapstick, la bande de pirates sortie de nulle part, le sous-marin à nageoires du Pingouin, les nobles marsouins qui se sacrifient pour Batman et la très longue scène où notre héros tente de se débarrasser d’une bombe et ne cesse d’être interrompu par des nonnes et des orchestres ambulants, il y a de quoi faire. Un affront bien aiguisé aux adaptations de comics qui se prennent parfois un peu trop au sérieux, Batman est une capsule temporelle parfaite de l’époque où les super-héros étaient encore insouciants.
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