Bruce Wayne tombe le masque
Le 11 novembre 2014
Véritable petit bijou produit par la prestigieuse division animation de la Warner, Batman contre le Fantôme Masqué est passé inaperçu lors de sa sortie en salles aux USA. Une erreur qu’il convient de rectifier.
- Réalisateurs : Bruce W. Timm - Eric Radomski
- Acteurs : Stacy Keach , Mark Hamill, Dick Miller
- Genre : Action, Animation, Thriller, Film de super-héros, Inédit (salle, vidéo)
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h16mn
- Titre original : Batman : Mask of the Phantasm
- Voir le dossier : La série Batman
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Véritable petit bijou produit par la prestigieuse division animation de la Warner, Batman contre le Fantôme Masqué est passé inaperçu lors de sa sortie en salles aux USA. Une erreur qu’il convient de rectifier.
L’argument : Un parrain de la pègre est assassiné par un homme en cape noire. Le nouveau procureur Arthur Reeves accuse Batman. Désormais traqué, Batman enquête pour retrouver le véritable meurtrier. Mais dans le même temps, Bruce Wayne retrouve aussi une ancienne petite-amie, Andréa Beaumont, dont le père fut autrefois mêlé aux affaires des gangsters tués. L’occasion pour le Chevalier Noir de replonger dans son passé, à l’époque où il faillit renoncer à devenir un justicier...
Notre avis : De tous les super-héros qui peuplent l’imaginaire américain depuis les années 30, Batman est de loin celui qui a été le mieux servi par le septième art. Car au-delà des deux calembours de Joel Schumacher, le Chevalier Noir a quand même eu la chance d’avoir deux de ses aventures signées par le Tim Burton de la grande époque ainsi qu’une trilogie réalisée par Christopher Nolan. Peu de ses collègues costumés peuvent se vanter d’un tel palmarès. Et pourtant, malgré cette filmographie prestigieuse, le meilleur film mettant en scène le protecteur de Gotham a tendance à être oublié... Suite au succès monumental du premier film de Burton au États-Unis (l’accueil sera plus froid France), le studio Warner commande à Bruce Timm et Paul Dini une série animée sensée capitaliser sur la demande des spectateurs. Les deux artistes reprennent certains éléments du long-métrage : le style art déco, le mélange expressionnisme allemand et technologies modernes, etc. Ils s’approprient néanmoins complètement le matériau de base et loin de faire un simple produit dérivé, ils livrent l’une des meilleure séries d’animation de l’histoire de la télévision américaine qui sera récompensée par de nombreux Emmy Awards. Succès annoncé aux USA, la série rencontre également son public en France, diffusée en grande pompe sur France 3. Suite à ce plébiscite, l’équipe derrière le dessin animé obtient le droit de signer un véritable long-métrage destiné à sortir en salles. Malheureusement, Mask of the Phantasm (le titre américain, plus évocateur que la traduction française malvenue) sera complètement ignoré, considéré à tort comme un simple épisode rallongé. C’est bien loin du compte, car si la qualité d’animation du film ne concurrence pas celle des Disney de l’époque, il les surpasse sur bien d’autres points.
Le film reprend beaucoup d’éléments qui seront adressés par le Batman Begins de Christopher Nolan quelques années plus tard. Les origines de Bruce Wayne, racontées en flash-back via un style baroque et des cadrages exagérés, sont puissantes et émotionnelles. Elles sont bien aidées en cela par le score grandiloquent de Shirley Walker, grande compositrice pour la télévision, morte trop tôt et qui n’aura malheureusement jamais connu la reconnaissance que son talent méritait. Quant à l’histoire d’amour rajoutée aux origines de Wayne, elle est plus efficace, touchante et crédible que les personnages artificiels et forcés campés par Kim Basinger et Katie Holmes.
Car le casting vocal est particulièrement solide. On retrouve bien sûr les excellent doubleurs de la série animée en VO comme en VF avec notamment les grands Mark Hamill (Luke Skywalker, pour les deux du fond qui ont oublié) et Pierre Hatet (la voix légendaire de Doc Brown dans l’Hexagone) qui reprennent le rôle du mythique Joker, plus fou et machiavélique que jamais. Car si la sortie en salles de ce film offre l’opportunité aux réalisateurs de donner à leur récit une ampleur à laquelle ils ne pouvaient pas prétendre avec un budget télévisuel, cela leur permet également de franchir quelques barrières sensibles en terme de violence. Il en résulte un affrontement final entre Batman, le Fantôme Masqué et le Joker, qui frappe par sa brutalité et son intensité, jusque là impensable dans le cinéma d’animation américain du début des années 90, alors complètement monopolisé par les productions de l’oncle Walt.
L’approche dessin animé permet aux créateurs de réaliser une œuvre sombre, baroque et expressive, sans limitation de décors. La Gotham City qui occupe l’écran est vivante et transpire de noirceur. Une grande ville de cinéma : éternelle et ancrée dans nos esprits, elle est un mélange revendiqué de la Metropolis de Fritz Lang et du Los Angeles de Ridley Scott. La simplicité du personnage de Batman, faillible humain sans pouvoirs, joue en sa faveur et créé un terreau émotionnel crédible et aisément appréciable tandis que le format animé alloue une envie de fantastique que les productions de Nolan ne peuvent tolérer, emprisonnées comme elles le sont par une poursuite du réalisme qui n’a pas forcément sa place dans les rues fantasques de la cité du Chevalier Noir. Rien de cela ici, car dans les méandres fumeuses de cette Gotham City, l’alter ego improbable de Bruce Wayne est plus réel que jamais et Batman contre le Fantôme Masqué est sans conteste l’une de ses plus belles aventures.
- © Warner Bros.
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