Le 18 février 2005
Neuf morceaux de l’impénétrable groupe de Nottingham mis en images à hauteur d’homme par Martin Wallace : une alchimie parfaite.
Objet curieux, ce DVD retrace la carrière de l’énigmatique groupe de Nottingham à travers neuf courts métrages du réalisateur Martin Wallace. Décidément, ces gars-là ne font jamais rien comme tout le monde.
Depuis le début de leur carrière qui remonte maintenant à treize ans, les Tindersticks n’ont eu de cesse de brouiller les pistes. Après avoir osé sortir plusieurs albums sans titre (ravie, la maison de disques !), le groupe a enchaîné avec un album live enregistré dans un théâtre avec un grand orchestre, puis avec la bande originale du film de Claire Denis Nénette et Boni. Depuis l’Angleterre, ils sont alors passés pour des poseurs s’inventant une identité arty grâce au cinéma français. Evidemment, rien ne pouvait faire plus plaisir aux Tindersticks que d’être considérés de la sorte, eux qui n’aiment rien tant que la position privilégiée du vilain petit canard à tête de mule.
Aujourd’hui, ils proposent un DVD à leur échelle, humaine. Neuf clips réalisés entre 1993 et 2003 par Martin Wallace avec une sobriété absolue, à l’image du concept de ce DVD : pas de menu interactif (tout juste la mule de la pochette propose-t-elle de cliquer sur ses membres éparpillés !), aucun bonus, pas même de reportage ou d’interviews. Le spectateur est ainsi prié de se concentrer sur l’essentiel : la relation quasi naturelle qu’il peut y avoir entre la pop-soul urbaine des Tindersticks, les histoires de boissons et d’amours impossibles chantées par le spleené Stuart Staples, et la caméra posée à hauteur d’homme de Wallace.
Ici, aucun effet de manche, pas de mouvements inutiles. Simplement, des histoires de tous les jours. Wallace filme les membres du groupe parmi les gens de la rue (passants, chauffeurs de bus ou coiffeuse dans l’émouvant Sometimes it hurts où un petit garçon vient se faire couper les cheveux). Souvent, il choisit le noir et blanc, en accord parfait avec la mélancolie surannée de certains morceaux (Travelling light, Rented rooms) ; parfois, il sature les couleurs et installe ainsi une distance avec la musique désespérée du groupe (Can we start again ?). Le réalisateur respecte cependant toujours la part de mystère qui entoure le groupe de Nottingham, et ne donne aucune clé au spectateur distrait. Il pose sa caméra là où résonne la musique des Tindersticks : entre l’âme et le vague à l’âme.
Bareback : 9 films by Martin Wallace, Tindersticks (Beggars Banquet/Naïve)
Tracklisting :
1 City sickness
2 Travelling light
3 Bathtime
4 Rented rooms
5 Can we start again ?
6 Can our love...
7 Dont ever get tired
8 Sometimes it hurts
9 The art of love making
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