Banzaï - Claude Zidi - critique

Critique : Coluche faisait globalement peu de cas du cinéma. Banzaï le confirme, uniquement construit sur son nom, ses facéties, sa capacité à vampiriser un film, comme Louis de Funès en son temps. Le problème, c’est qu’ici il est en roue libre et que Claude Zidi, dont la finesse n’a jamais été le fort, lui offre des situations absolument outrées qui permettent à l’humoriste d’en faire des tonnes, comme en témoigne la scène où il pousse son fameux cri de cochon, en contre-ut, lorsqu’il se voit déformé dans la glace, suite à une piqûre de moustique. Ce gag donne une idée de la nullité dans laquelle se complaît cette pantalonnade qui eut, en son temps, beaucoup de succès. Aujourd’hui, ce long métrage est à peu irregardable, tant les effets comiques paraissent épais - le chien qui mange sa laisse dans la voiture puis crève le toit, le chameau qui blatère tandis que Michel téléphone, les ébats du couple dans un magasin de literie...-. Valérie Mairesse joue les utilités avec un seul registre, celui de la charmante godiche qui roule des yeux. Marthe Villalonga duplique son personnage de mère possessive, déjà vu dans le diptyque d’Yves Robert ("Un éléphant, ça trompe énormément", "Nous irons tous au paradis"). Et Claude Zidi confirmait qu’il était incapable de produire un film comique digne de ce nom.
De plus, l’œuvre est traversée par des blagues particulièrement douteuses - et même davantage - sur les Chinois, les Noirs, les maghrébins. Elles ont beaucoup fait rire les racistes à l’époque et exciteront encore leurs zygomatiques, même si on ne peut soupçonner son réalisateur, ni son acteur principal d’avoir eu cette intention. C’était aussi la période où les gros durs joués par Belmondo pouvaient se permettre des plaisanteries discriminantes à l’égard des homosexuels (cf. Le Marginal). Où Michel Leeb se tordait en contorsions simiesques dans un sketch nommé "L’Africain". Il existe des nostalgiques de cet humour. Il existe des fans de Banzai. On les laisse à leur passé.