Le 31 mai 2023
Ce documentaire sur une entreprise philanthropique est rapidement vampirisé par le portrait d’un patron aux méthodes managériales autoritaires. Un film platement réalisé qui met mal à l’aise.
- Réalisateur : Florent Lacaze
- Genre : Documentaire
- Distributeur : Daisy Day Films
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 31 mai 2023
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Résumé : Printemps 2020. La population est confinée. Libéro, un patron de PME, recrute à tour de bras deux cent cinquante couturières pour fabriquer les masques qui libèreront sa région. Mais il ne connait rien à la couture, le tissu n’arrive pas et la plupart de ces femmes n’ont jamais vu de machines.
- Copyright Daisy Day Films
Critique : Quelques jours après le début de la pandémie de Covid-19, au printemps 2020, les masques manquent. C’est alors qu’une usine artisanale de Gironde, dirigée par un entrepreneur de PME du bassin d’Arcachon, Libero Mazzone, se lance pour défi de produire un million de ces précieux objets. À cet effet, il recrute des centaines de couturiers et (surtout) de couturières, qui travailleront d’arrache-pied dans le parc des expositions de La Teste-de-Buch. Au début, l’on est séduit par ce projet qui conjugue solidarité et insertion sociale : les témoignages des intervenants soulignent la nécessité de faire face aux pénuries de masques, rappelant en creux que la catastrophe sanitaire n’avait pas été anticipée par le gouvernement ; une SDF retrouve un toit et la confiance, d’autres évoquent une bonne ambiance générale. Mais à mesure que le film suit la cadence de cette usine improvisée, juxtapose des séquences répétitives sans vraiment changer d’angle pour appréhender son objet filmique (beaucoup de gros plans attendus des protagonistes disent l’effort), un sentiment de malaise se fait jour : la belle histoire, celle d’une générosité, s’efface devant le portrait d’un patron inflexible, jamais interrogé sur ses véritables motivations, dont les méthodes managériales et les injonctions martiales sur le mode "effort de guerre" font grincer des dents. Le même se réjouit bientôt que Disney envisage de lui commander des masques...
- Copyright Daisy Day Films
Très vite, les images acquièrent la valeur de symboles qui malmènent la grande aventure collective : l’on ne retient que des femmes essentialisées, dominées dans le travail, à qui l’on offre des fleurs pour s’excuser d’avoir été abrupt, mais que l’on morigène peu de temps après, parce qu’elles n’ont pas assez produit ; à d’autres moments, les mots du patron sur les pauses accordées rappellent l’organisation du travail façon Amazon, où le culte de la performance, érigée en loi d’airain, justifie une pression constante imposée aux salarié.e.s. Alors oui, tout se termine par des déguisements festifs et des scènes de congratulation. Mais la gestion néolibérale d’une entreprise philanthropique donne à ce documentaire un air de métaphore désagréable, comme le reflet d’une époque où rien n’est vraiment gratuit.
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