L’étranger
Le 21 septembre 2005
Errance en monochrome d’un anti-héros meurtrier presque malgré lui, incarné par un Elie Semoun à contre-emploi total.
- Réalisateur : Philippe Collin
- Acteurs : Ludmila Mikaël, Philippe Uchan, Henri Garcin
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h37mn
Errance en monochrome d’un anti-héros meurtrier presque malgré lui, incarné par un Elie Semoun à contre-emploi total.
L’argument : Paris, fin des années 50. Un ancien assureur, en pleine faillite, déprimé, assassine sans trop savoir pourquoi un petit prêteur sur gage, puis prend le premier train vers la province. Commence pour lui une errance silencieuse, abasourdie, sans but précis.
Notre avis : Aux abois vaut en premier lieu pour la performance de son acteur principal, qui squatte chacun des plans de cette très sombre histoire. Élie Semoun a beau jurer ne pas avoir voulu faire son Tchao pantin, on y pense. Certes Aux abois, tiré d’un roman de Tristan Bernard, est à des années-lumière du style de Berri, mais il y a plus d’écart entre Semoun et Paul Duméry, son personnage, qu’entre Coluche et Lambert. Car Aux abois nous renvoie cinquante ans plus tôt.
Quand apparaît son médiocre héros, mince, presque transparent, scribouillard ancien assureur, on ne peut s’empêcher de penser au gars des Petites annonces, et on se dit que la métamorphose est plutôt réussie. Moustache, costume sombre, regard vague, Semoun incarne un cousin du Meursault de L’étranger de Camus. Un type qui fuit sans trop savoir où, combien de temps ni pourquoi.
Ce héros est à l’image du film, à contretemps des récits qui inondent nos écrans. Philippe Collin se contente de regarder, presque distant, son héros se perdre, œil vidé, se raccrocher aux désirs du quotidien, fuir puis revenir sans cesse vers ce meurtre absurde qui l’a poussé sur la route.
Très sombre, dépressif bien que traversé de pâles rayons lumineux, Aux abois peint un monde gris, peuplé d’êtres en perdition, vieillis, qui survivent plus qu’ils ne vivent. Au milieu de ces silences, si l’ennui peut surgir, c’est surtout le décalage de son héros et le regard qu’il porte sur son monde qui lentement entraînent hors des sentiers battus.
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