Au fil du temps - Wim Wenders - critique

Critique : Un jour, garé près d’un fleuve, alors qu’il se rase, Bruno est témoin d’un accident qui ressemble à un suicide : un inconnu (Hanns Zishler) se jette dans l’eau avec sa Coccinelle Volkswagen lancée à vive allure.

L’homme, qui s’appelle Robert Lander, va sortir tout seul de sa voiture, en en extirpant une grosse valise en acier, sans que Bruno ne s’en émeuve. Arrivé près du camping-car, il se verra tout de même remettre une serviette éponge. Sans qu’ils échangent beaucoup, Bruno va accepter la compagnie de Robert, qui va le suivre quelques jours dans les communes où des réparations de projecteurs sont prévues.

Wim Wenders, par ce film, clôturait se trilogie de l’errance après Alice dans les villes (Alice im den städten 1974) suivi de Faux mouvement (Falsche bewegung" 1975). Celui-ci, en noir en blanc, comme le premier a de nouveau pour acteur principal Rüdiger Vogler, présent dans les trois.

Ce très long métrage de près de trois heures, qui se suit sans aucun ennui, est à la fois une peinture de l’Allemagne de l’Ouest de l’époque, un hommage aux petits cinémas qui semblent en voie de disparition, et une histoire d’amitié non aboutie.
Faussement désinvolte, le récit aux dialogues rares est parsemé de lieux insolites et mémorables qui sont l’occasion de superbes plans : l’usine désaffectée, la découverte d’une petite statue perdue dans la campagne, le drôle de camping-car moitié lieu de vie, moitié atelier de réparation, ou encore la petite cabane décrépite qui servait préalablement de check-point aux Américains...

Ce road movie, sans but réel, ni motivation claires des personnages, reste néanmoins un bel exemple de cinéma autour d’une amitié avortée qui ne dira jamais son nom.