Le 19 février 2023
Même si la musique est bonne, le scénario en plomb brise le rythme de ce qui reste une divertissante réflexion sur la persévérance et la transmission.
- Réalisateur : Ludovic Bernard
- Acteurs : Lambert Wilson, Kristin Scott Thomas, Michel Jonasz, André Marcon, Elsa Lepoivre, Karidja Touré, Jules Benchetrit, Xavier Guelfi
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 19 février 2023 21:08
- Chaîne : C8
- Date de sortie : 26 décembre 2018
- Festival : Festival d’Angoulême 2018, Arras Film Festival 2018
Résumé : La musique est le secret de Mathieu Malinski, un sujet dont il n’ose pas parler dans sa banlieue où il traîne avec ses potes. Alors qu’un des petits cambriolages qu’il fait avec ces derniers le mène aux portes de la prison, Pierre Geitner, directeur du Conservatoire National Supérieur de Musique l’en sort en échange d’heures d’intérêt général. Mais Pierre a une toute autre idée en tête… Il a décelé en Mathieu un futur très grand pianiste qu’il inscrit au concours national de piano. Mathieu entre dans un nouveau monde dont il ignore les codes, suit les cours de l’intransigeante « Comtesse » et rencontre Anna dont il tombe amoureux. Pour réussir ce concours pour lequel tous jouent leur destin, Mathieu, Pierre et la Comtesse devront apprendre à dépasser leurs préjugés…
Critique : Après Mission au pays basque, puis L’ascension qui en 2017 permet de révéler le talent d’Ahmed Sylla, Ludovic Bernard renouvelle l’histoire du gamin de banlieue qui se sort de sa difficile condition, à force de ténacité et de courage. Cependant ce troisième long-métrage souffre d’un manque de brio, la faute à un scénario plus que prévisible.
- Copyright Thierry Valletoux
Dans ce hall immense de la gare du Nord de Paris où se croisent des milliers de gens pressés, Mathieu (Jules Benchetrit), un jeune banlieusard s’installe derrière un piano mis à la disposition des voyageurs. Malgré l’agitation qui l’entoure, il joue, comme s’il était seul au monde, une valse de Chopin. La caméra tourne autour de lui jusqu’à ce qu’un homme de belle allure (Lambert Wilson) le remarque, s’arrête, envoûté par son jeu. Il le perd de vue mais fait tout pour le retrouver et y parvient. Il comprend vite que le milieu dont est issu ce garçon ne lui permettra jamais de développer son don. Il décide donc, malgré les mises en garde de son entourage tant professionnel que privé, de le prendre sous son aile.
Dès les premières scènes, on a le sentiment que le déroulement de ce conte de fée moderne sur fond de choc des cultures n’a rien de novateur. La fin s’avérera exactement conforme à ce que l’on en avait initialement pressenti. Entre un Paris huppé et la banlieue déclassée, entre les coulisses guindées du Conservatoire National de musique et l’indiscipline patente de ce grand ado indomptable et méfiant, s’entrelacent les poncifs usés jusqu’à la corde pour former une trame si compacte qu’aucun soupçon d’inattendu ne s’en échappe. Tenter de brouiller les pistes en nouant une histoire d’amour entre Mathieu, jeune délinquant blanc et Anna, (Karidja Touré) jeune fille noire issue d’un milieu favorisé ressemble à une feinte trop rudimentaire pour que l’on s’y attarde.
- Copyright Thierry Valletoux
On suit pourtant avec intérêt le parcours d’abnégation et d’apprentissage de ce jeune homme perdu au cœur d’un monde étranger qu’il va devoir apprivoiser. Il est pris en charge par une femme (Kristin Scott Thomas dite la Comtesse) à l’apparente rudesse militaire et leur collaboration s’annonce houleuse. Dans ce décor à la beauté froide et blanche (une grande partie du film a été tournée à la Scène Musicale sur l’île Séguin de Boulogne-Billancourt) et à l’organisation feutrée, réceptacle de culture et de mystère, on partage ses peurs et ses combats, tout en regrettant de ne les observer qu’à travers un cadre trop bien formaté.
- Copyright Thierry Valletoux
Jusqu’alors cadenassée par un récit sans allant, l’émotion finit enfin par affleurer grâce à ce trio de personnes disparates (Pierre, la Comtesse et Mathieu). Tous ont en commun d’avoir connu des destins contrariés et d’avoir été sauvés par la musique. C’est d’ailleurs également le cas pour le film. Car c’est sans aucun doute le piano et à travers lui la musique qui font naître la puissance émotionnelle. A la fois populaire, moderne et élégante, elle rythme les scènes avec une précision de métronome et il se pourrait bien qu’elle vous déchire l’âme. Une mise en scène aérée laisse éclater le talent du duo Lambert Wilson/Kristin Scott Thomas. Evitant la caricature dans laquelle leurs personnages auraient facilement pu tomber, ils les nourrissent sans failler de belles valeurs d’espoir et d’humanité, pendant que le jeune Jules Benchetrit illumine de son jeu intense et authentique la partition de ce jeune musicien tiraillé entre passion et dépassement de soi. A noter la prestation courte mais touchante de sincérité d’un Michel Jonasz impeccable en passeur de savoir et de culture.
La scène finale pleine d’énergie, emportée par une musique de toute beauté fait oublier les défauts d’un scénario aux ficelles trop visibles pour ne nous laisser que le souvenir musical d’une mélodie harmonieuse.
- Copyright Mars Films
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
ceciloule 1er janvier 2019
Au bout des doigts - la critique du film
En effet, un scénario assez grossier et très convenu, mais c’est vrai que l’on se laisse facilement porter par l’histoire, bercer par la musique et emporter dans la vie de Mathieu. On se prend au jeu et les acteurs relèvent brillamment le défi et tirent le film vers le haut. Pas désagréable à regarder, mais ne pas s’attendre à un chef d’œuvre pour autant (pour en savoir plus : https://pamolico.wordpress.com/2019/01/01/de-la-magie-au-bout-des-doigts-au-bout-des-doigts-ludovic-bernard/)