L’ascension - la critique du film

Critique : Armé de ses bonbons Kréma, son pot de Nutella, son roman à l’eau de rose et sa lampe de poche, Samy a décidé de prendre au mot sa promesse hyperbolique : pour prouver à Nadia qu’il l’aime, il conquerra l’Everest. Les feel good movies sont parfois fondés sur les idées les plus simples : encore faut-il qu’elles soient soutenues par des personnages crédibles, c’est-à-dire sympathiques. Or, Ahmed Scylla parvient, de bout en bout, à incarner son héros de manière convaincante, si bien qu’on le suit jusqu’au terme de son défi invraisemblable. Assez proche du registre d’Omar Sy, le comédien arrive à varier les modalités de son jeu par d’imperceptibles mouvements qui disent la candeur ou la joie. Les postures ne sont jamais surlignées selon une théâtralité outrancière : tout semble glisser d’une manière très naturelle, comme s’il existait une forme de vérité à ce pari complètement fou, parce qu’il semble ajusté à la personnalité du héros.
Certes, un grand nombre de facilités parsèment ce film où le sentimentalisme n’est jamais loin. Ainsi, on se passe volontiers d’aphorismes du type "une femme, c’est comme la montagne, ça se mérite", "avant d’aimer quelqu’un, faut s’aimer soi-même". On se passe également de la confession murmurée par le guide Jeff, d’une voix anhélante, surtout lorsque les raisons de sa posture marmoréenne s’explicitent par des justifications convenues (un père maltraitant, forcément militaire). Mais on oublie avec indulgence ces scories et on se laisse porter par ce long métrage, qui offre aussi de superbes images sur les sommets du Népal, organise une partie de football dans la mythique ville de Namche Bazar, connue de tous les prétendants à l’Everest, ramène son héros perdu au pied du glacier du Khumbu, et lui fait vivre de plus en plus d’épreuves à mesure que le sommet se rapproche.
Suivi par une radio associative de La Courneuve, Samy devient peu à peu un phénomène médiatique. La pénitente Nadia cédera bien sûr à son Ulysse, déclarant même, d’une manière très conventionnelle, ses sentiments aux parents du jeune homme. Tout cela se termine évidemment dans des larmes de bonheur, avec en prime, une dédicace de Johnny Hallyday pour un de ses plus grands fans sherpas.