Notre avis : Chacun de ses souvenirs offre aussi de découvrir comment travaille Jean-Claude Carrière. Ils permettent de comprendre que chaque projet est un nouveau défi, une nouvelle aventure, une nouvelle quête, avec ses épreuves, ses obstacles, ses joies et ses peines.
Comment partager avec vous ce que nous avons ressenti à la lecture de ce livre ? En utilisant de simples mots, peut-être ? Alors, allons-y, essayons...
Ce recueil nous a donné l’impression de passer un moment en compagnie de Jean-Claude Carrière. Même plus qu’un moment, des moments, de nombreux moments. Ce livre est écrit comme un dialogue mené par une seule personne. Nous sommes là, en face de cet auteur et il nous pose gentiment la main sur l’épaule, en nous disant « Je vais te raconter deux ou trois choses, prends ce qui peut t’aider ».
Et nous écoutons, patiemment, attentivement, toutes ces expériences, tous ces ateliers. Nous ne lisons plus un livre. Très vite, nous entendons un auteur revenir sur sa vie et la partager avec nous, en toute simplicité.
Une simplicité qui ne va pas de soi, quand on raconte ses travaux avec Milos Forman, Pierre Etaix, Peter Brook, Jean-Daniel Verhaeghe, Luis Bunuel ou Jean-Paul Rappeneau, pour ne citer que quelques-uns d’entre eux.
Et pourtant, cette simplicité est là, bien présente, on la sent dans la voix qui s’adresse à nous, au fur et à mesure que nous tournons les pages.
Et que nous apprennent tous ces ateliers ? D’abord, que chaque écriture est une expérience unique. Oui, il y a des méthodes, des techniques. Mais le fait de travailler dans différents domaines comme le théâtre, la télévision, le cinéma, la chanson, ouvre des portes, permet de découvrir de nouvelles pratiques et de s’enrichir.
Ensuite, nous apprenons que chacun retirera de ce texte quelque chose de différent. Ce livre n’est pas une méthodologie de l’écriture à quatre mains, mais un retour d’expériences, pour nous aider à trouver notre chemin et à éviter les erreurs, si c’est possible. Chaque lecteur a son parcours et sera touché par telle ou telle anecdote que lui racontera Jean-Claude Carrière.
Et probablement, deux personnes se parlant du même atelier ne seront pas d’accord sur ce qui a été dit – ou écrit -.
Pour nous, nous retiendrons qu’un auteur doit savoir observer, absorber et réécrire.
Mais ce livre nous offre tellement plus.
Au final, ce qu’il nous reste en refermant ce recueil, c’est l’envie de rencontrer Jean-Claude Carrière pour l’écouter à nouveau, et aussi l’envie de lire, une énorme envie de lire certains des ouvrages dont il parle et d’autres qu’il n’évoque pas !
Une autre dimension importante de ce propos mérite d’être mentionnée : c’est le lien entre le professionnel et le personnel. Jean-Claude Carrière ne nous parle pas de réalisateur, d’auteurs, de metteur en scène, mais de relations, de camarades, d’amis. Partager tant et tant d’heures à écrire, à créer une histoire, c’est aussi passer du professionnel à l’intime. Parfois, ça clashe, et parfois cela donne de belles amitiés, comme celles qui sont évoquées au cours de ces ateliers.

Qu’ajouter ? Si chaque humain était un grain de sable, un caillou ou un morceau de coquillage, l’ensemble de l’humanité ne suffirait pas à former une plage, mais supposons un instant que si. Voilà, vous marchez sur cette plage, vous apercevez un coquillage ébréché, vous le ramassez et vous contemplez ces rainures rouges, cette spirale curieuse, et quelque chose vous retient, alors vous le gardez et vous reprenez votre marche. Vous y reviendrez à ce coquillage, dans des moments de joie, de doute, pour y trouver ce quelque chose, cette solution, cette idée qui vous manque. C’est indéfinissable mais c’est là, entre vos mains.
Ce coquillage auquel on revient, voilà ce que pourrait être Ateliers de Jean-Claude Carrière, pour nombre d’entre nous qui avançons cahin-caha sur la plage de la vie, avec en tête plus de questions que de réponses. Que nous soyons auteurs ou pas, d’ailleurs...

A la lecture de ce recueil, un vieux proverbe prend tout son sens : « Un ancien qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Car c’est bien une somme de rencontres, d’échanges, de connaissances, de souvenirs dont ce livre nous donne un aperçu. L’aperçu de ce sillage que Jean-Claude Carrière laissera derrière lui, comme il le dit si bien dans la non-conclusion de ces Ateliers.