Astérix - Le Domaine des Dieux - la critique du film, par Toutatis !

Un village peuplé d’irréductibles Gaulois ne résiste pas à la vague 3D, dont les avancées en matière de design numérique offrent à Astérix la possibilité de vivre une nouvelle aventure avec une qualité d’image stupéfiante. Alexandre Astier se lance ainsi dans l’adaptation de son album préféré en faisant profiter le personnage des nouvelles technologies.

Critique : Il serait mentir de dire qu’Astérix, héros de notre enfance, personnage de bande dessinée incontournable et gaulois encore plus légendaire que Vercingétorix, n’est pas très attendu à chacune de ses apparitions au cinéma. Car après les dessins animés et les films live, plus ou moins réussis et fidèles à l’œuvre de René Goscinny et Albert Uderzo, voici venue l’heure de l’animation en 3D ! Alexandre Astier et Louis Clichy s’attaquent ainsi à l’intrépide Gaulois en choisissant d’adapter Le Domaine des Dieux, aventure propice à une réflexion sur l’écologie, le capitalisme et la société de consommation, au-delà d’un simple divertissement familial.
Le Domaine des Dieux montre comment il est difficile de préserver la nature et une certaine qualité de vie face à des promoteurs peu scrupuleux, envoyés par un César excédé par ses précédents échecs face à des ennemis de toujours.

© M6 Studio, Belvision, M6 Films et SND

Échaudé par l’aventure télévisée Kaamelott, qui lui a permis d’endosser de multiples casquettes, notamment celle de scénariste, Alexandre Astier s’attelle ici à l’adaptation et à la mise en dialogue des célèbres planches, cherchant à rendre l’humour de la BD tout en étant fidèle à son propre univers. Peut-être aurait-il mieux valu conserver le lettrage original, car la plupart des répliques tombent malheureusement à plat et manquent d’humour, ce que rattrape fort heureusement le comique naturel des situations.
Certes, s’il fallait vraiment comparer cette nouvelle mouture aux adaptations de notre enfance, la version proposée par le duo Clichy-Astier offre l’avantage de profiter des dernières avancées techniques, notamment en matière de design numérique. Les couleurs sont plus chatoyantes, les images forcément plus nettes et l’ensemble d’une grande cohérence, l’utilisation de la 3D ne pouvant être remise en cause, tant le rendu visuel est agréable à l’œil.

© M6 Studio, Belvision, M6 Films et SND

Le Domaine des Dieux, en tant que pur divertissement, devrait ainsi ravir les enfants qui profiteront d’un nouveau film mettant en scène l’indémodable Gaulois et ses compagnons. Leurs parents ne manqueront sans doute pas de remarquer des différences majeures avec l’ensemble des adaptations précédentes pour le grand écran. Car s’il est fort agréable, et même normal, qu’un personnage comme Astérix bénéficie des dernières avancées en terme d’animation, il est vrai également que le design numérique écarte les images de la bande dessinée, alors que les films précédents donnaient davantage l’impression de profiter d’une transposition très fidèle des albums. La fidélité des deux réalisateurs aux dessins d’Uderzo est malgré tout indéniable, tant le relief et la matière sont reproduits fidèlement.

© M6 Studio, Belvision, M6 Films et SND

Le long-métrage se distingue également par l’absence de doublage. En effet, les voix des acteurs ont été enregistrées avant que les images ne soient animées. Les acteurs choisis par Alexandre Astier avaient ainsi la possibilité d’apporter leurs touches personnelles à leurs personnages, sans forcément se baser sur l’image et se laisser influencer. Lorànt Deutsch, Elie Semoun, Alain Chabat ou encore Géraldine Nakache prêtent ainsi leurs voix à divers personnages. Leurs timbres ne peuvent que contraster avec celui du comédien Roger Carel qui interprète la voix du personnage-titre pour la dernière fois, laissant derrière lui Astérix, qu’il incarne depuis 1967. Si le clin d’œil et l’hommage évident à cette grande figure du doublage français sont touchants, il faut reconnaître également que la voix très dessin animé d’Astérix contraste trop avec celle des autres personnages. L’harmonisation de toutes les voix aurait été plus judicieuse, notamment pour toucher un public jeune qui ne comprendra pas la référence.

© M6 Studio, Belvision, M6 Films et SND

Autre clin d’œil notable : la référence à la série Kaamelott puisque plusieurs acteurs, notamment Alexandre Astier, Guillaume Briat, Lionnel Astier, Joëlle Sevilla ou encore Franck Pitiot prêtent ici leurs voix. Comment ne pas sourire en reconnaissant la voix d’Alexandre Astier / le roi Arthur en la personne d’un légionnaire désabusé et blasé qui, malgré tous ses efforts, semble toujours entouré d’incapables ? Les fans de la série devraient s’en donner à cœur joie tant il est agréable de reconnaître la voix traînante de Perceval ou les élans passionnés du roi de Carmélide. À moins, bien sûr, que la référence non masquée à la série qui a fait son succès ne soit un moyen pour Alexandre Astier de remettre dans l’esprit du public un programme qui n’est plus diffusé à la télévision depuis 2009 mais dont la suite au cinéma est toujours en cours d’écriture ? Le doute est permis, malgré le fait que convier au casting du film Le Domaine des Dieux les acteurs de la série Kaamelott est davantage une idée charmante et assez drôle qu’une véritable intrusion dans un univers où une autre figure marquante de l’imaginaire collectif - le roi Arthur - n’aurait pas sa place.

© M6 Studio, Belvision, M6 Films et SND

Divertissement familial de premier choix et prouesse technique indéniable, surtout dans les détails (le travail réalisé par exemple sur le casque ailé d’Astérix est remarquable), Le Domaine des Dieux fait entrer le personnage de bande dessinée dans une nouvelle ère, celle du numérique et de la 3D, qui devraient apporter un regard différent sur ses aventures. En se positionnant en véritables fans de la saga littéraire, Louis Clichy et Alexandre Astier ont surtout découvert la potion magique qui permet à toute la famille de profiter d’un moment de détente où la qualité de l’image ne cesse (et ne cessera) d’étonner.