Le 2 janvier 2019
Une œuvre de maturité, belle et essentielle, qui confirme l’immense talent de Ryūsuke Hamaguchi.
- Réalisateur : Ryūsuke Hamaguchi
- Acteurs : Masahiro Higashide, Erika Karata, Koji Seto, Daichi Watanabe, Sairi Itō
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Art House Films
- Durée : 1h59mn
- VOD : Arte
- Date télé : 22 juin 2022 22:30
- Chaîne : Arte
- Titre original : Netemo Sametemo
- Date de sortie : 2 janvier 2019
- Festival : Festival de Cannes 2018
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Résumé : Lorsque son premier grand amour disparaît du jour au lendemain, Asako est abasourdie et quitte Osaka pour changer de vie. Deux ans plus tard à Tokyo, elle tombe de nouveau amoureuse et s’apprête à se marier... à un homme qui ressemble trait pour trait à son premier amant évanoui.
Critique : Second cinéaste japonais de la compétition officielle cannoise 2018, moins connu que son confrère Hirokazu Kore-eda, Ryūsuke Hamaguchi avait néanmoins récemment attiré l’attention des critiques et des cinéphiles avec le magnifique Senses, portrait délicat de femmes au quotidien, récompensé au Festival du film de Locarno et distribué en salles en France peu de temps avant Cannes. Autant dire que l’annonce par Thierry Frémeaux de la sélection du nouveau long métrage de Ryūsuke constituait une très bonne surprise. Après la projection, force est de constater un résultat à la hauteur des attentes.
La scène d’ouverture donne le ton d’une œuvre romanesque, délicate, mélancolique et par moment onirique : Asako rencontre le beau et énigmatique Baku à la sortie d’une exposition : leur regard se croise, c’est le coup de foudre suivi d’un tendre baiser illustré à l’écran avec virtuosité (ralenti, musique et mini-feux d’artifice lancés par des enfants en toile de fond).
- Copyright Art House
Le spectateur assiste à cet amour naissant et s’attache à des personnages qu’il ne lâchera plus. L’une des réussites du film tient dans le fait que le metteur en scène brouille les pistes assez rapidement et mélange les genres. Après la disparition de Baku (qui, parti chercher du pain, ne reviendra pas au domicile), Asako refait sa vie et rencontre Ryohei, un garçon qui ressemble à s’y méprendre à son premier amour. Le doute s’installe en elle, mais aussi pour le spectateur : est-ce Baku ou un autre homme ? Le film est-il une nouvelle variation de Vertigo d’Alfred Hitchcock (ce que laissait entendre le synopsis et même le titre de l’œuvre qui évoque l’idée du double) ? C’est d’ailleurs l’un des reproches adressés par certains festivaliers : ne pas tenir cette promesse et se contenter d’une romance post-adolescente quelconque. Or, c’est en ignorer la richesse et la très grande subtilité que de réduire le film à cela. Certes, par le biais de scènes précises et réalistes, qui s’étirent (mais dont aucune ne semble en trop), il explore le sentiment amoureux, l’importance du premier amour et de la trace que celui-ci peut laisser dans la construction de soi.
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Mais certaines scènes ressemblent à un rêve et font écho à un cinéma plus fantastique. Le retour de Baku, le grand Amour d’Asako, dans la dernière partie du film est à ce titre passionnant : il refait surface dans la vie de la jeune femme d’abord par le biais d’une affiche publicitaire (il est, en effet, devenu mannequin), puis, tel un fantôme sorti d’un film de Kiyoshi Kurosawa, directement dans la vie d’Asako, lui demandant de faire un choix entre la passion ou la raison. L’évolution des personnages est aussi soulignée par des moments-clés, comme le tremblement de terre qui correspond à l’étreinte d’Asako avec le deuxième homme de sa vie. Le film n’est donc simple qu’en apparence, bien plus profond et sinueux qu’il n’y parait. Une œuvre de maturité, belle et essentielle, que le jury présidé par Cate Blanchett n’a pas mise en lumière : c’est bien dommage !
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