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Le 26 avril 2005
Dans une nouvelle traduction, Jean Lauxerois dépoussière l’Antigone de Sophocle.
Dans une nouvelle traduction, Jean Lauxerois dépoussière l’Antigone de Sophocle. Une pièce qu’il compare à un sprint sans relâche, à un quatre cents mètres où "la vitesse doit s’y soutenir d’une infaillible endurance, permettant au coureur d’accélérer encore quand le souffle déjà lui manque".
Puisque, quelle qu’en soit sa qualité, une traduction ne pourra jamais restituer l’essence originelle d’une œuvre, autant se consoler en se disant que la grande force de cette démarche consiste dans sa capacité à moderniser, à toujours questionner le sens, à réactualiser un texte au moyen d’une langue contemporaine. En évolution constante, une vraie chance également pour le lecteur. Si le grec que l’on parlait au cinquième siècle avant Jésus Christ était encore utilisé comme un outil de communication universel, oserait-on, en effet, retoucher le moindre vers de l’Antigone de Sophocle ? En revanche, personne, même les plus conservateurs, même après Paul Nazon, ne pourra reprocher à Jean Lauxerois de transcrire un tel classique dans un français d’aujourd’hui, à condition évidemment qu’il en donne une interprétation nouvelle et qu’il fasse preuve d’originalité dans la forme.
Bien sûr, au début, on reste marqué par certains passages, notamment le "Il est bien des merveilles en ce monde, il n’en est pas de plus grande que l’homme..." devenu ici "Innombrable l’effrayant, mais rien/ N’est plus effrayant que l’homme...". Sceptique donc, on se laisse, néanmoins, emporter par la rythmique et le sens de la formule poétique dès le premier épisode. Ils mettent la lumière sur des aspects que les non hellénistes ne peuvent pas saisir, enrichissent cette pièce surtout si on confronte ce travail à ceux qui l’ont précédé. Et puis, il y a cette merveilleuse analyse intitulée "Une effrayante exception", ardue, savante, où Jean Lauxerois explique non seulement sa démarche mais nous gratifie surtout d’une interprétation qui va bien au-delà des éternelles controverses, en posant, de surcroît, la question de la place du théâtre dans la cité et de son autonomie par rapport au politique, à la religion, au sacré, et à la philosophie. Un point de vue qu’il nous tarde de voir présenter sur les planches !
Sophocle, Antigone, traduction de Jean Lauxerois, Arléa, 2005, 128 pages, 13 €
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