Le 31 octobre 2019
Une odyssée troublante, qui parvient au paradoxe de rendre beau le désastre écologique de notre propre humanité. Assurément, si Anthropocène ne donne pas de solutions, le film nous attrape par les sentiments.
- Réalisateurs : Edward Burtynsky - Jennifer Baichwal - Nicholas de Pensier
- Acteurs : Charlotte Le Bon, Alicia Vikander
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Canadien
- Distributeur : L’Atelier Distribution
- Durée : 1h27mn
- Titre original : Anthropocene: The Human Epoch
- Date de sortie : 20 novembre 2019
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Résumé : Les activités humaines laissent une empreinte profonde et quasi-irréversible dans l’histoire géologique et climatique de notre planète. Les réalisateurs du film ont parcouru le monde pour récolter les preuves de cette domination. En s’appuyant sur des techniques photographiques de très haute définition, Anthropocène : L’Epoque Humaine, témoigne de ce moment critique de l’humanité. Au croisement brillant de l’art et de la science, ce film est une expérience fascinante et provocatrice de l’impact de notre espèce détruisant la Terre.
- Copyright L’Atelier Distribution
Notre avis : Cela commence par un incendie sans fin, filmé au plus près des flammes, comme si ce feu prenait ses origines dans le cœur de la terre. En réalité, petit à petit, le feu broie des défenses d’éléphants que des hommes déchargent de camions. Comble du comble ! Là où les réalisateurs prennent le parti de filmer la terre déchirée par la folie humaine d’une façon totalement esthétique, ils démarrent leur projet en stigmatisant l’ivoire, qui permet à nombre d’artistes de créer des sculptures. Car Anthropocène n’a pas peur de la démesure. La caméra s’attache à filmer des paysages sublimes, à la façon de Yann Arthus Bertrand, si ce n’est que ces magnifiques étendues colorées et fracturées sont le résultat de l’extraction poussée à son maximum de métaux.
- Copyright L’Atelier Distribution
L’ambiguïté principale se situe dans la façon dont les trois cinéastes subliment, grâce à leur caméra, le pire de notre humanité. Les immensités qu’ils survolent ressemblent à des corps ou des peintures abstraites. En réalité, le point de vue esthétique relève de la provocation la plus totale. Le ton refuse l’agressivité ou la culpabilité dont nous sommes abreuvés à longueur de journées, quand il s’agit de parler d’écologie. Les cinéastes adoptent un point de vue iconoclaste, à la façon de cet artiste chinois, qui termine le film, façonne des sculptures absolument magnifiques sur des défenses d’éléphants, concédant non sans provocation ou bêtise qu’il préfère au sacrifice des éléphants l’exploitation des corps de mammouths, au fond des océans.
- Copyright L’Atelier Distribution
La caméra filme la monstruosité. Elle se loge dans des machines gigantesques, truffées d’électronique, qui ravagent la terre à la recherche de métaux précieux. Elle se loge aussi dans cette côte chinoise que des ouvriers rehaussent avec des tubes de béton, pour conjurer l’inévitable montée des eaux. Bref, l’humanité se noie dans sa propre bêtise. Les cinéastes font le constat d’une terre très ancienne, que les humains ont détruite en quelques milliers d’années. Anthropocène devient alors un plaidoyer pour une prise de conscience collective, à savoir que chacun peut contribuer à la survie de la planète.
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On regrettera peut-être un récit assez brouillon. Les cinéastes ambitionnent de montrer le désastre écologique qui s’élève devant nous, dans toutes ses acceptions. Du coup, le projet semble presque dérisoire au regard de la réalité de notre propre autodestruction. Les réalisateurs cherchent à dénoncer l’exploitation minière sans limite, la disparition des animaux, le réchauffement des eaux, bref autant de sujets qui pourraient constituer un film à eux tout seuls. Cette théorie d’une chronologie de la géologie, constitutive de l’influence délétère de l’homme sur l’écosystème, est un sujet trop complexe pour se résumer à une heure trente de projection. En cela, le film avorte son projet original. Pour autant, on en ressort glacé et désarçonné que notre pulsion autodestructrice puisse à ce point refaçonner les contours de notre terre, à la façon dont le feraient un sculpteur ou un peintre.
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