Androïdes . T.5 . Synn - La chronique BD

Il faut le rappeler, l’excellente série Androïdes se compose non pas de suites, mais d’opus indépendants les uns des autres, chacun racontant une histoire, qui s’intéresserait à l’intelligence artificielle et sa matérialisation sous forme humanoïde. Synn est seule, si l’on excepte son vaisseau, et va expérimenter à travers son crash, sa divination et ses responsabilités les tourments, les hésitations et les décisions inhérentes à la conscience de ses créateurs. Dans une ambiance philosophique qui n’est pas sans rappeler les questions du magnifique roman Latium de Lucazeau, c’est donc les tergiversations et les choix d’une héroïne livrée à elle-même, seule face à son éternité, que s’impose ce cinquième volume. La présence d’indigènes aliens n’empêche pas de tourner les regards vers les jolies courbes argentées de Synn, qui évoque à la fois le péché et l’ensemble, la rupture et la synchronisation. Un joli contraste du nom qui se découle dans tout l’album.

© Soleil

La nouvelle planète, le nouvel écosystème, qui comprend dragons et extra-terrestres brutaux façon orques, possèdent des codes qui pourraient bien sortir d’un monde de fantasy maîtrisé et agréable à découvrir. Il faut la présence dans chaque page du corps mécanique, et le rappel du vaisseau d’exploration, pour conserver l’enveloppe SF de la série de la collection Anticipation. D’une façon charnelle et serpentine, Synn roule, vole et se déploie avec aisance et détermination, faisant d’elle le centre de tout, mais le soin qui lui est accordé vaut le coup niveau graphique.

© Soleil

En attendant trois autres tomes, Androïdes ne prend pas de nouveau départ, mais continue bien d’appuyer sur les grandes idées de la robotique, prenant la relève des Asimov et Dick dans la veine BD pour envisager tous les possibles.