Quartier déprime
Le 4 avril 2012
Fidèle, Mike Leigh s’attache une fois de plus au quotidien de gens modestes dans une banlieue londonienne. Des vies ordinaires pour dire la chaleur humaine qui transcende le malheur.


- Réalisateur : Mike Leigh
- Acteurs : Timothy Spall, Lesley Manville, Allison Garland, Ruth Sheen, Russell Mabey
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique
- Durée : 2h08mn
- Date de sortie : 13 novembre 2002
- Festival : Festival de Cannes 2002

L'a vu
Veut le voir
Fidèle, Mike Leigh s’attache une fois de plus au quotidien de gens modestes dans une banlieue londonienne. Des vies ordinaires pour dire la chaleur humaine qui transcende le malheur.
L’argument : Phil est chauffeur de taxi, Penny caissière dans un supermarché, leur fille Rachel travaille comme femme de ménage dans une maison de retraite et leur fils Rory vit mal son chômage. Un univers concentré autour du HLM, des voisins, des amis, alcooliques, filles mères, jeunes violents et lolitas désoeuvrées.
Notre avis : A première vue, cette galerie de personnages frise la caricature. Pourtant, Mike Leigh ne sombre jamais dans la facilité racoleuse et misérabiliste. Il brosse au contraire ses portraits avec une réelle finesse, par petites touches. Les non-dits et les expressions des comédiens construisent à eux seuls l’épaisseur des personnages. Et même s’ils paraissent désespérément banals, c’est la vie qui est ainsi faite.
La seule vraie caricature est une cliente française de Phil qui profite du trajet pour le soûler d’inepties, avec un accent à couper au couteau. Les autres sont rarement ce qu’ils paraissent. La petite séductrice doit prendre en charge sa mère alcoolique, Rory, le fils antipathique perpétuellement opposé à sa mère, devient même le lien de la famille dans un moment de crise. C’est lui qui fait prendre conscience à tous de ce qu’ils sont les uns pour les autres, de l’amour qui les unit et qui semblait s’être évanoui avec le temps et les difficultés.
Dans All or Nothing, la révolte n’a pas sa place et la violence et le cynisme sont des impasses. Pour échapper à la grisaille du quotidien, il n’y a que deux solutions : l’amour et l’imaginaire. Le premier renaît après un drame, le second est distillé tout au long du film. Ce sont les livres que dévore Rachel toute la nuit, les balades au bord de mer de Phil entre deux courses en taxi, les soirées au karaoké de Penny, le foot et les heures passées devant la télévision pour Rory. Tant que l’on sait encore rêver, on peut s’aimer.
All or Nothing ne patauge pas dans le misérabilisme complaisant. Mais la narration est lente... Le malheur ruisselle... On est loin du divertissement. C’est pourtant toujours de petites fenêtres sur l’espoir que nous ouvre Mike Leigh, un peu d’amour et d’émotion dans l’étroitesse de la vie.