Le 27 janvier 2021
Construit autour de ses deux acteurs principaux, fondé sur un mince scénario, Alceste à bicyclette, c’est surtout Luchini en roue libre. Son personnage peste contre la modernité, lui oppose Molière et ses alexandrins. Lambert Wilson suit. On bâille.
- Réalisateur : Philippe Le Guay
- Acteurs : Lambert Wilson, Fabrice Luchini, Maya Sansa, Christine Murillo , Camille Japy, Laurie Bordesoules, Josiane Stoléru
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
- Durée : 1h44mn
- Date télé : 10 septembre 2022 20:50
- Chaîne : Ciné+ Club
- Date de sortie : 16 janvier 2013
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Résumé : Au sommet de sa carrière d’acteur, Serge Tanneur a quitté une fois pour toutes le monde du spectacle. Trop de colère, trop de lassitude. La fatigue d’un métier où tout le monde trahit tout le monde. Désormais, Serge vit en ermite dans une maison délabrée sur l’Île de Ré… Trois ans plus tard, Gauthier Valence, un acteur de télévision adulé des foules, abonné aux rôles de héros au grand cœur, débarque sur l’île. Il vient retrouver Serge pour lui proposer de jouer « Le Misanthrope » de Molière. Serge n’est-il pas devenu une pure incarnation du personnage d’Alceste ?
Critique : L’acteur retiré du monde et le comédien à la mode se retrouvent dans la douce lumière de l’île de Ré : l’élégance parisienne du premier, qui semble sortir de scène, rencontre la fausse rusticité en écharpe du second, fort marri de la corruption morale du show-business. Il se trouve que, par une tendre ironie, le projet théâtral proposé à l’anachorète est.. Le Misanthrope de Molière. On imagine déjà ce que Le Guay va faire de ce doublon.
Mais Serge se voit proposer Philinte, qu’il regarde comme un second rôle. Lui, ce qu’il veut, c’est le personnage saillant, et il ne se fait pas prier pour psalmodier quelques répliques, histoire d’en remontrer à l’autre, qui rétorque et se met à déclamer du Poquelin. L’enjeu du long métrage est de savoir lequel des deux mérite Alceste. Duel au sommet, sur fond d’alexandrins pompeusement mis en bouche.
Et c’est parti pour le Lagarde et Michard, en mode cabotin. Le réalisateur adopte le principe du "théâtre filmé" à travers certaines scènes, confiant les clefs du camion à Fabrice Luchini (pour une quantième performance qu’on croirait extraite d’un de ses spectacles ou l’une de ses envolées télévisuelles). Lambert Wilson, dont le jeu se met parfois au diapason, consent le plus souvent à s’effacer, comme s’il fallait admirer le show de son partenaire, au-delà du personnage qu’il incarne et ne vaut pas tripette. Serge Tanneur s’excite contre une sonnerie de portable, lui oppose évidemment Molière, qu’on ne contrarie pas, peste contre le non-respect de la diérèse. La culture est un temple, Jean-Baptiste est son Dieu muséifié, la modernité s’avère éminemment détestable. Et Luchini multiplie les ronds de jambes, dans des lectures interminables. Les biographies brodées autour de ces répétitions ne sont que des artifices scénaristiques : on évoquera la dépression du comédien retiré (ben voyons), son obsession de la vasectomie, puis son renoncement à travers une ébauche de mauvais vaudeville, ou les difficultés sentimentales de l’acteur parisien. Réconciliations et fâcheries complètent un tableau attendu.
Autour des deux stars pour qui le long métrage est taillé, gravitent des seconds rôles. On leur a proposés un admirateur stupide, un agent immobilier bonimenteur, une restauratrice pas très finaude, un chauffeur de taxi passablement lourd, une récente divorcée devenue une confidente, une apprentie comédienne plutôt nunuche : bref une galerie d’autochtones qui délimitent, par leur simple présence, une ligne de démarcation très nette entre la capitale cultivée et la province ignorante.
Finalement, pourquoi ce film, quand une nouvelle adaptation de la célèbre pièce aurait suffi, dans laquelle se serait épanouis les deux comédiens ?
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