Le 22 septembre 2024
Des couples qui se font et se défont au gré de rythmes fracassants et de drogues en tout en genre. Une expérience baroque mais un peu vaine.
- Réalisateur : Anthnoy Lapia
- Acteurs : Olivier Chantreau, Majd Mastoura, Louise Chevillotte, Natalia Wiszniewska, Killian Briot
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Potemkine Distribution
- Durée : 1h09mn
- Date de sortie : 25 septembre 2024
- Festival : Festival de Berlin 2023
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Résumé : Une nuit, un club techno. La jeunesse danse comme si demain n’existait pas, la musique emporte tout sur son passage. Quand Félicie rencontre Saïd, elle l’invite à poursuivre la soirée chez elle, en after.
Critique : C’est une boîte de nuit, sans doute parisienne, où les jeunes se retrouvent autour d’un DJ survolté qui les entraînent dans des déhanchements rythmés jusqu’au petit matin. L’extasy, la cocaïne, l’alcool accompagnent les fêtards qui cèdent à des jeux de drague où tous les sens sont conviés. Voilà à peu près le pitch d’After qui ne raconte rien d’autre qu’une jeunesse assez paumée, moderne, et assez creuse. Le récit se focalise sur deux personnages, un certain Saïd chauffeur de VTC, et une jeune femme, Félicie, qui l’invite à terminer la soirée à son domicile. On imagine qu’ils se jetteront dans les bras l’un de l’autre, et contre toute attente, ils se perdent dans une conversation étrange sur leur parcours de vie et la société actuelle avant tout de même de céder à la douceur d’Éros.
After est un film au format relativement court sur la fête. Bien sûr, on sait d’emblée qu’en focalisant la narration sur un espace de danse et de joie, le scénario va se précipiter à la fin. En réalité, la promesse de la chute tragique est annoncée dès le début, tant la mise en scène en rajoute dans le court-termisme et l’unité de lieu et de temps. Le récit aborde avec une certaine confusion les questions d’homosexualité, de radicalisme terroriste, de désenchantement de la jeunesse et de crise écologique. Les dialogues se heurtent ainsi à une vision assez caricaturale du monde, en faveur de quoi finalement le spectateur n’éprouve pas vraiment d’intérêt.
- Copyright Potemkine Distribution
Anthony Lapia produit et réalise son premier long-métrage dans une ambiance qui se complaît à mêler corps parlants et corps transpirants. Les discussions des deux protagonistes, interrompues par une coupure électrique, alternent avec les scènes de danse où la sensualité s’invite au rythme de la musique. Le long-métrage pose la question de l’intérêt de porter sur un grand écran un espace de vie aussi intimiste. Pendant toute l’heure, on s’interroge sur les limites d’une écriture induites par l’espace-temps réduit de la narration. Louise Chevillotte et Madj Mastoura se donnent avec beaucoup de sincérité dans cette histoire qui se heurte à un manque véritable de densité fictionnelle.
Même l’étalonnage jouant sur une forme d’atemporalité et d’universalité du récit, comme si nous étions transportés dans un temps très ancien, ne convainc pas vraiment. Paris apparaît comme une ville creuse, vidée de toute forme de joyeuseté, qui se superpose maladroitement aux évènements politiques récents. On a l’impression d’une jeunesse qui n’existe pas vraiment, en dehors d’une série de clichés qui la réduit à un décadentisme peu reluisant.
- Copyright Potemkine Distribution
On sera passé à côté de ce premier long-métrage qui ne manque pourtant pas d’ambition, ni de réflexion sur l’esthétique du cinéma. Anthony Lapia se sera peut-être trop contenté d’une écriture trop centré sur une approche sociologique de la jeunesse. En même temps, cette vision s’épuise dans un regard trop parisien, qui fait oublier que les jeunes d’aujourd’hui sont divers, riches, et bourrés de talents. Ici, le réalisateur dépeint une génération triste, sans espoir, qui s’épuise dans le rythme endiablé de la techno et le recours à la drogue.
After ne nous aura pas séduits, en dépit des efforts certains du réalisateur pour transcender le réel dans une succession de couleurs, de sonorités et de filtres. On espère que pour sa prochaine œuvre, il cherchera à privilégier d’abord l’écriture avant le tapage des effets visuels et sonores à la Gaspar Noé.
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