Règlement de comptes à la Finca Vigia
Le 3 août 2005
Leonardo Padura s’attaque avec colère et tendresse au grand Hemingway et ouvre nos yeux sur la réalité cubaine.
- Auteur : Leonardo Padura
- Editeur : Métailié
- Genre : Polar
- Nationalité : Cubaine
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Leonardo Padura s’attaque avec colère et tendresse au grand Hemingway dans un roman policier où le lecteur s’approprie l’enquête et se permet de doubler l’inspecteur Conde sur le fil.
L’inspecteur Conde à la retraite depuis quelques temps pour se consacrer à l’écriture, reprend du service pour élucider un crime commis trente ans plus tôt, à la fin des années 1950, dans ce qui était la propriété d’Ernesto Hemingway à La Havane, le célèbre Finca Vigia. Ce sera alors l’occasion pour l’inspecteur Conde de régler quelques comptes avec l’écrivain étasunien et pour Padura de rendre hommage à un homme qui s’est oublié dans la littérature.
Après sa tétralogie Quatre saisons éditée chez Métailié et pour laquelle il a obtenu à deux reprises le prix Hammet, Padura redonne vie à son double littéraire, l’inspecteur Mario Conde. Dans ce court roman policier, l’auteur s’amuse à un chassé-croisé entre passé et présent à coups de flash-back désorientants dans lesquels le lecteur partage tour à tour les doutes et les angoisses d’un Hemingway vieillissant et les sentiments ambivalents de Mario Conde à l’égard de l’écrivain. Padura profite de deux enquêtes séparées de trente ans pour revisiter le mythe Hemingway, son rapport à l’écriture mais aussi aux hommes et aux femmes (laissez-vous aller au glissé de la petite culotte en dentelle noire sur les cuisses d’Ava Gardner).
Jamais peut-être Padura n’aura été aussi proche de son inspecteur fétiche, et on sent dans le livre une énorme tendresse du disciple pour le maître Hemingway. Et cette tendresse, qui est un peu la marque de fabrique de l’auteur, se retrouve dans les descriptions de La Havane et de ses habitants, sans toutefois en omettre les aspects exaspérants : la grivoiserie, le machisme ou la passion pour les combats de coqs. Padura connaît son monde. Il le côtoie quotidiennement et le raconte avec clairvoyance, comme seuls les natifs immergés dans cette culture depuis tout petits peuvent tenter de le décrire pour donner au lecteur une idée de la réalité cubaine. Pour qui veut comprendre Cuba, chaque roman de Padura Fuentes est une clé : Le Palmier et l’étoile revient sur la naissance littéraire de Cuba, Mort d’un Chinois à La Havane évoque l’immigration chinoise dans l’île et les Quatre saisons, sous couvert d’enquêtes policières, relate le quotidien des Cubains en proie à la grave crise économique des années 1990 et aux aberrations d’un système ubuesque.
Alors, pour qui veut (re)découvrir Cuba ou l’illustre "Papa", la lecture d’Adios Hemingway, laquelle représente une excellente introduction à l’œuvre de Leonardo Padura, est fortement recommandée.
Leonardo Padura, Adios Hemingway (traduit de l’espagnol par René Solis), Métailié, coll. "Suites", 2005, 156 pages, 9 €
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