Le 2 avril 2020
Une série de haute volée renouant à la fois avec le souffle de John Ford, la lenteur de Leone et la violence de Peckinpah.
- Réalisateur : Scott Frank
- Acteurs : Jack O’Connell, Scoot McNairy, Michelle Dockery
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- : Netflix
- Durée : 60mins
Résumé : Un hors-la-loi semant la terreur dans l’Ouest américain, est traqué par son ex-partenaire, devenu un ennemi. Durant sa cavale, il se retrouve à La Belle, Nouveau Mexique, une ville où tous les hommes sont morts et régie par des femmes…
Avis : Netflix est une machine portant un genre consubstantiel au cinéma à un niveau de qualité vertigineux : le feuilleton. Oui, cher patron de Cannes, vous devriez vous replonger dans l’histoire du cinéma. Il y a plus de 100 ans, l’objectif était déjà de fidéliser les spectateurs dans les premières salles. Alors pourquoi ne pas projeter des feuilletons comme on lisait dans les journaux ? On vous rappellera juste deux noms : Louis Feuillade, quasi-inventeur du genre en 1913 avec ses Fantômas et Vampires (1915) et Frederick Stephani, réalisateur en 1936 de la saison 1 de Flash Gordon, première adaptation d’un comics bien avant DC et Marvel, et qui fera l’objet de 3 saisons, une quarantaine d’épisodes se terminant systématiquement sur une situation rendant accro le spectateur. Netflix, ainsi que HBO ou FX, l’ont parfaitement compris et surtout des pointures comme Martin Scorsese, les frères Coen ou Steven Soderbergh qui produisent, réalisent séries et films pour ces diffuseurs. Et de rappeler que la « diffusion » des films n’a pratiquement pas été en salles au début du cinématographe, mais pendant une dizaine d’années sous des tentes de forains et considérée comme une attraction populaire. Ce n’est qu’en 1905 que débute la « sédentarisation » de lieux de projection avec l’ouverture de petites salles aux États-Unis, nickelodeons. Bref, votre équation cinéma égale salle est historiquement fausse…
- Copyright Netflix
Dans l’Ouest sauvage, La Belle est une étrange petite ville : tous les hommes sont morts dans la mine, et il n’y a que femmes et enfants. La Belle va devenir le nœud d’une longue intrigue en couches mêlant une bande de braqueurs, un vieux marshal, un shérif presque aveugle, un journaliste avide de scoop, un pasteur illuminé, un mystérieux fugitif, un Indien énigmatique, des noirs vétérans de la guerre de Sécession…
Produite par Steven Soderbergh, Godless déroule en sept épisodes un éblouissant et épique vibrant hommage au western classique à la John Ford, par ses paysages, ses longues chevauchées et poursuites - on pense inévitablement à La prisonnière du Désert (1956) - mais aussi à Clint Eastwood et Sam Peckinpah dans un final, forcément en règlement de comptes.
Que dire de plus ? Si ce n’est que dans Godless, tout n’est que beauté sur le plan artistique, les multiples histoires fouillées sont magistralement portées par un casting de haut vol avec Jack Connell, Michelle Dockery, Merritt Wever, Thomas Brodie-Sangster, échappés des meilleures séries de ces dernières années, mais aussi Sam Waterston et un Jeff Daniels totalement illuminé, en pasteur tueur manchot, et que le découpage, ou plutôt l’assemblage des sept épisodes est hypnotique ; bref du grand et long cinéma, avec un C majuscule, tout simplement.
- Copyright Netflix
Comme Steven Soderbergh, les frères Coen ont aussi compris que le cinéma, ça se passe aussi sur Netflix en produisant la série Fargo brillamment adaptée de l’univers de leur film éponyme chef-d’œuvre et réalisant un épique western à sketches, The Ballad of Buster Scruggs (2018). Alors cher patron de Cannes, comme vos deux anciens présidents du jury 2015, admettez que Netflix c’est du cinéma et du vrai de vrai, et arrêtez avec votre critère de sortie en salle ou pas salle, avec ou sans popcorn… ou pizza.
« GODLESS » (2017) de Scott Frank avec Jack Connell, Michelle Dockery, Merritt Wever, Thomas Brodie-Sangster Sam Waterston et Jeff Daniels. 7 épisodes de 40 à 80 minutes.
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David Guerrini 30 août 2021
A voir ou à revoir sur Netflix : Godless - la critique de la série
Série magnifique,la BO, la photo,et surtout l’émotion que dégage les personnages,un légende d’automne puissance 1000, et puis on imagine bien la peine et la douleur de ces conquérant de l’ouest,de la place des femmes, soumises ou putain, genialissime