Une star sous influence
Le 28 janvier 2024
Bradley Cooper se révèle être un réalisateur relativement doué, en particulier pour filmer les scènes de concert. Ce qu’il lui manque en revanche c’est un scénario un peu moins laborieux et une actrice plus douée.
- Réalisateur : Bradley Cooper
- Acteurs : Sam Elliott, Dave Chappelle, Bradley Cooper , Lady Gaga, Andrew Dice Clay, Ron Rifkin
- Genre : Drame, Romance, Musical, Remake
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h16mn
- Date télé : 20 mai 2024 21:25
- Chaîne : TMC
- Date de sortie : 3 octobre 2018
Résumé : Star de country un peu oubliée, Jackson Maine découvre Ally, une jeune chanteuse très prometteuse. Tandis qu’ils tombent follement amoureux l’un de l’autre, Jack propulse Ally sur le devant de la scène et fait d’elle une artiste adulée par le public. Bientôt éclipsé par le succès de la jeune femme, il vit de plus en plus de mal son propre déclin…
Critique : En un seul échange de regards, le coup de foudre est rendu incontournable. Toute la force de la mise en scène de Bradley Cooper est d’ailleurs contenue dans ce champ-contre-champ au demeurant pourtant simple. Et pourtant, pour sa première réalisation, celui qui fut longtemps cantonné à son rôle de jeune premier dans des comédies romantiques (la trilogie Very Bad Trip n’y fit rien) parvient à assurer un film dont les scènes chantées transcendent toute l’énergie de ses personnages. La scène matricielle de cette histoire d’amour doit beaucoup à la frénésie d’une Lady Gaga qui s’égosille sur La vie en Rose mais surtout à la façon dont celle-ci est mise en avant par les lumières à la fois lugubres et ardentes que lui assure Matthew Libatique, le chef opérateur qui a déjà prouvé son goût pour le tape-à-l’œil, tant chez Aronofsky que dans Iron Man.
- © Warner Bros. Entertainment Inc. & Neal Preston
L’exemple de cette scène de rencontre dans un club de drag-queens est loin d’être anodin, puisque symptomatique de la façon dont Cooper s’est approprié un récit suranné. Plutôt que tenter de jouer vainement avec les attentes du spectateur, le primo-cinéaste signe un mélodrame classique mais qui sait magnifier ses passages les plus percutants. Le projet d’un remake musical des films de 1937 et 1954, initialement situés dans le microcosme hollywoodien, date pourtant de plus d’un quart de siècle. Il faut donc croire que ce qui a manqué aux cinéastes qui s’y sont frottés, c’est une confiance totale à l’égard du couple de stars devant la caméra. Pour Bradley Cooper, la solution paraît évidente puisqu’il choisit d’incarner lui-même la moitié de ce duo glamour ; et il propose à son public de lui faire découvrir ses talents de chanteur qui, parce qu’ils se doublent à ceux d’acteur probant, en arrivent à éclipser la pauvre Lady Gaga, qui semble n’être là que pour pousser la chansonnette.
- © Warner Bros. Entertainment Inc. & Clay Enos
Et quand bien même les fans de Lady Gaga attesteront que chacune de ses performances chantantes garantissent au film une qualité maintenue du début à la fin (encore que sa mélodie finale est loin d’égaler l’émotion de celle de son premier concert en couple), l’évolution de son personnage est bien plus révélatrice de l’inégalité de la réalisation. Si le travail qu’elle effectue sur l’interprétation d’Ally est, au moins dans la première partie, intéressante, c’est surtout grâce à l’aisance qu’elle affiche à jouer avec son image, et notamment à plaisanter sur son physique loin des canons de l’industrie du mainstream commercial. En revanche, dès lors qu’Ally est transformée en icône pop – comprenez en « simili-Lady Gaga » – cette autodérision est aussitôt passée sous silence. Et son incapacité à donner à Ally sa part de fragilité, ainsi que celle du scénario à rendre concret son évolution dans ses relations font d’elle un personnage monocorde et donc fatalement bien moins intéressant à suivre.
- © Warner Bros. Entertainment Inc. & Clay Enos
Le même reproche peut être fait au personnage de Bradley Cooper, auquel ce dernier garantie une palette de jeu plus étendue mais dont la relation avec son frère (incarné par Sam Elliott, comme toujours irréprochable mais sous-exploité) et son addiction à l’alcool n’évoluent que très peu tout au long des 135 minutes que dure son film. C’est assurément cette impression que, après la première partie qui voit les deux personnages se rencontrer et tomber amoureux, le récit se met à tourner à vide et paraît long. Paradoxalement, et puisque la façon dont cette histoire va s’achever est bien connue, le suspense en vient à naître de l’attente de voir comment le drame sera amené. Loin d’être insipide, ce mélodrame souffre néanmoins d’un scénario qui s’étire inutilement et nous fait attendre ces scènes de concert, que l’on sait être les climax, tant en terme d’émotions que de mise en scène, mais qui, elles aussi, se font de plus en plus rares.
- © Warner Bros. Entertainment Inc. & Clay Enos
Remake des films de William A. Wellman (1937) avec Janet Gaynor et Fredric March, de George Cukor (1954) avec Judy Garland et James Mason ; et de Frank Pierson (1976) avec Barbra Streisand et Kris Kristofferson.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Mooreal 16 décembre 2018
A Star is Born - Bradley Cooper - critique
Pas du tout d’accord sur la critique : elle semble émaner d’un avis très subjectif "fondé" sur un à priori négatif concernant Lady Gaga que, personnellement je ne connaissais qu’au travers de frasques relayées par des journaux people chez mon dentiste ... Sans parler de ses magnifiques prestations vocales sur des chansons qu’elle a majoritairement elle-même composées, je trouve qu’elle incarne son personnage avec beaucoup de naturel (maquillage extrêmement discret) et de délicatesse ...Nous étions 6 personnes à regarder ce film, 3 générations confondues (20, 30 et 50 ans), dont certaines n’appréciant pas la chanteuse : au bout du compte, tout le monde a adoré le film, le considérant même comme l’un des meilleurs qu’il leur ait été de voir de leur plus ou moins longue vie !