Littérature étrangère
Le 26 novembre 2002
Un formidable roman en trompe-l’œil, dans lequel Boyd laisse vagabonder son extraordinaire imagination.
- Auteur : William Boyd
- Editeur : Editions du Seuil
- Genre : Roman & fiction
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À livre ouvert rassemble les carnets retrouvés de l’écrivain Morgan Mountstuart. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Il s’agit bel et bien d’un formidable roman, dans lequel Boyd laisse vagabonder son extraordinaire imagination.
Certains romans vous plongent dans leurs univers dès la première page et vous prennent à la gorge pour ne plus vous lâcher. Magie de l’écriture, de la musique des mots, de la mélodie du texte... Impossible de penser à autre chose tant que l’on n’est pas arrivé au bout. À livre ouvert appartient à cette catégorie. Le récit de Boyd n’est pas sans rappeler ses Nouvelles confessions, ouvrage dans lequel il promenait déjà un personnage sur un siècle entier. Cette fois, il utilise le prétexte du journal intime et des carnets retrouvés pour raconter l’histoire de Logan Gonzago Mountstuart (LMS), écrivain et critique né d’une mère uruguayenne et d’un père anglais au début du vingtième siècle.
A priori, sa destinée était toute tracée. Élève médiocre à Oxford, LMS comprend dès son adolescence qu’il deviendra écrivain. Il se lie avec Peter, Ben et Gloria. Trois amis que l’on retrouve tout au long du récit, de temps en temps, lorsque la solitude ou le chagrin deviennent trop pesants, quand une respiration s’impose. Il se marie très vite, trop vite, prend conscience que cette femme et son fils ne lui ressemblent en rien et renonce à son confort pour vivre le grand amour avec Freya, la seule femme qui l’obsédera jusqu’à la mort. La publication d’une biographie du poète Shelley et celle d’un roman suffisent pour asseoir sa réputation dans le monde des lettres.
Journaliste durant la guerre d’Espagne, LMS croise le chemin d’Hemingway. Critique littéraire, il se brouille avec Virginia Woolf. Écrivain, il plaisante avec James Joyce. Marchand d’art, il fréquente Picasso et Jackson Pollock. Enrôlé dans l’armée britannique, Ian Fleming lui confie plusieurs missions d’espionnage. Destin hors du commun donc, pour un personnage sensible, attachant et authentique. Boyd l’emmène d’un continent à l’autre, prend plaisir à lui donner rendez-vous avec l’Histoire.
Biographie romancée de Mountstuart ? On se laisse facilement prendre au jeu. L’index des personnages cités dans ses carnets, les blancs laissés à certaines dates de son journal ou les notes de bas de page jouent sur cette ambiguïté permanente. Sommes-nous encore dans le domaine de la fiction lorsque LMS devient l’ami et confident du duc et de la duchesse de Windsor ? Les pistes sont-elles délibérément brouillées lorsqu’il rejoint la faction anglaise de la bande à Baader ou qu’il couvre la guerre du Biafra en qualité de reporter ?
Le huitième roman de William Boyd est une petite perle d’humour, de lucidité et de tendresse. À l’approche de la mort, lorsque ses proches ont pratiquement tous disparu, le regard mélancolique de LMS sur son existence ne peut qu’émouvoir celles et ceux qui viennent de partager son intimité. Et l’on regrette que l’histoire s’arrête déjà, comme s’il s’agissait de celle d’un vieil ami.
William Boyd, À livre ouvert (Any human heart, traduit de l’anglais par Christiane Besse), Seuil, 2002, 520 pages, 22 €
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