Obscurcia . Chapitre 2 - La chronique BD

Dans une trilogie qui veut faire du monde du rêve enfantin un cauchemar boueux et sordide, Obscurcia se taille une part de lion grâce notamment à une narration qui ne choisit pas la facilité. Les péripéties ne sont pas linéaires, les personnages pas vraiment manichéens et les mutilations précoces et abondantes. Un ensemble saisissant dans tous les sens du terme, car le repos n’a pas vraiment sa place, tant les écarts sont nombreux, et même les dialogues recèlent d’indices, de remarques mystérieuses qu’il convient d’attraper au vol afin de mettre un sens sur ce capharnaüm terrible du monde d’Obscurcia. Ainsi, ce seconde tome semble admettre un duel classique, avec ses blessures, ses prises de dessus, mais s’il est éclatant de violence, l’intérêt est dans tout ce qu’il implique, tout ce qu’il masque ou cache. Et le prochain tome, final, sera probablement la clef.

David Boriau, Yoann Guillo, Steven Dhondt / Delcourt

Pour ce qui est de l’ambiance, le rendu graphique y contribue à chaque page davantage, et avec son impression d’hommage à l’Incal de Moebius (avec son monde souterrain de la décharge, mais aussi le duel avec le maître techno...) qui parle, c’est tout un univers personnel qui se met au final en place. Assez choquant, assez provoquant, mais toujours tourné vers l’action, le dessin joue étrangement bien sur des couleurs assez enfantines (violet, bleu et orange étant à l’honneur), mais très assombries, corrompues et donc malsaines.

David Boriau, Yoann Guillo, Steven Dhondt / Delcourt

Envoûtant malgré son aspect putride, ce deuxième tome de la série Obscurcia continue de tracer une route pleine de crevasses sur l’enfance et le cauchemar, mais une route que tout lecteur devrait emprunter.