Le 11 janvier 2024
Émilie Deleuze signe un film enlevé et plein de charme, qui rappelle parfois les grandes heures de la comédie hollywoodienne classique. Un régal.


- Réalisateur : Émilie Deleuze
- Acteurs : Lambert Wilson, Marina Hands, Arthur Dupont, Laurent Poitrenaux, Lionel Dray
- Nationalité : Français
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date télé : 21 août 2024 23:04
- Chaîne : Canal+
- Date de sortie : 26 décembre 2023

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Résumé : Qu’est-ce qui conduit un homme établi à mettre en péril son confort, sa carrière et son couple ? La passion, d’autant plus brûlante qu’elle est tardive, pour cinq hectares de terre limousine. Mais la terre se mérite, surtout quand on vient de la ville. Voilà Franck précipité dans la quête du Graal. Il lui faut un tracteur.
Critique : « Il faut cultiver son jardin », a déclaré le vénérable Voltaire sur son lit de mort. Message reçu cinq sur cinq par Franck Bernard, brillant chercheur à l’Institut Pasteur, récent acquéreur d’une maison de campagne et de ses cinq hectares de jardin. Pour contrer les visées expansionnistes de son agriculteur de voisin, une seule solution : acheter un tracteur qui fera de lui un vrai de vrai, un rural plus uniquement néo…
De ce postulat somme toute mince, la trop rare Émilie Deleuze (quatre films en vingt-cinq ans, guère plus de téléfilms) signe une comédie subtile et enlevée. Bien accompagnée par ses coscénaristes Marie Desplechin et Patricia Mazuy (rien que ça !), elle peint le portrait d’une ruralité loin des clichés convenus, avec ses néo-ruraux pas gênés et ses natifs rustiques, certes, mais aussi ses exploitants gentiment loufdingues ou méchamment déprimés.
- Lambert Wilson, Lionel Dray
- © 2023 Agat Films - Ex nihilo / Paname Distribution. Tous droits réservés.
On pense à Funny Farm, l’excellent et méconnu dernier film du grand George Roy Hill (L’arnaque, Butch Cassidy et le Kid), qui parachutait Chevy Chase dans un microcosme fermier similaire du Vermont. Funny Farm, déjà, débordait d’une énergie empruntée à la comédie hollywoodienne classique, celle de Lubitsch et Preston Sturges, cette « comédie du remariage » si bien analysée par Stanley Cavell. 5 hectares s’en rapproche lui aussi, dans cette façon de foncer bille en tête, de proposer une série de gags bien troussés sur un seul et même sujet, pied au plancher et sans freiner, et de jouer à fond sur les quiproquos et malentendus. Lambert Wilson, le plus Cary Grant des acteurs hexagonaux, et la délicieuse Marina Hands s’y amusent comme des petits fous. Nous aussi.