Jamais contente - la critique du film + test DVD

Notre avis : Les tourments adolescents n’en finissent plus d’inspirer les cinéastes. Après Tamara en 2016, la nouvelle année commence avec Jamais contente, une comédie pleine de bonne humeur adaptée du livre Le Journal d’Aurore de Marie Desplechin et réalisée par Emilie Deleuze, surtout connue pour ses téléfilms, dont le séduisant Tout est permis, diffusé sur Arte en mars 2014.
Nul besoin d’être encore au cœur de cette période ingrate pour « tomber en sympathie » avec cette jeune fille plus tout à fait enfant mais pour pas encore adulte qui pose un jugement tragi-comique et décalé sur le monde qui l’entoure et sur la place qu’elle y occupe. Car Aurore, tout le monde la connait. Ça a pu être vous, elle ressemble sans doute à votre sœur, votre cousine, votre voisine. une Aurore, vous en avez sûrement croisé une dans votre vie puisqu’elle est le prototype de l’adolescente dans sa normalité. Elle vit dans une famille de Français moyens sans problèmes, entourée de ses sœurs et de parents aimants (la dynamique Patricia Mazuy forme un couple détonnant avec le bienveillant Philippe Duquesne), elle fréquente un collège normal et n’y a que des amies normales. Si son destin n’a rien d’exceptionnel, c’est son point de vue hors du commun qui la rend intéressante. Lucide et intelligente mais éternellement en mode grognon, les adultes ne lui apparaissent au mieux que comme incapables et au pire comme des gardiens de prison.

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Emilie Deleuze et Marie Desplechin ont travaillé main dans la main pour donner naissance à ce film. Grâce à cette collaboration fructueuse, le récit restitue dans son intégralité la vivacité de l’histoire créée par l’écrivaine et nous régale de réparties désopilantes et de dialogues percutants. Si le teen-movie est un genre déjà souvent exploré, celui-ci donne à son héroïne l’avantage d’un vocabulaire précis, plus élaboré que celui de l’ado ordinaire. Sans vergogne et parfois sans en comprendre toute la portée, elle l’utilise pour contrer l’adulte et créer une belle pagaille, histoire d’affirmer sa capacité à exister.

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Entre cynisme et innocence, Aurore ravit le spectateur de sa drôlerie et de son charme, bien malgré elle. Lena Magnien, pétillante brunette, communique toute son énergie et sa fraîcheur à cette écorchée vive redoutablement brillante. Si Aurore parvient à nous transporter dans son univers avec une telle connivence, c’est aussi grâce aux seconds rôles de qualité qui l’entourent et à qui elle peut se « frotter « , parmi lesquels on rencontre Alex Lutz, irrésistible professeur de français débonnaire et charismatique ou la surprenante Catherine Hiegel, inattendue dans ce rôle de grand-mère complice et chaleureuse, bien loin des personnages machiavéliques auxquels elle est abonnée.

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Et puisque la musique adoucit les mœurs, c’est par ce biais qu’Aurore trouvera une issue de secours à son mal-être. En plus de son talent de comédienne, Lena Magnien révèle un agréable timbre de voix, mis en valeur par quelques morceaux de rock énergiques empruntés au groupe américain Black Rebel Motorcycle Club.
Entre désinvolture et férocité, le récit amusant et sincère, grâce à un ton résolument direct, évite l’écueil des clichés habituels sur cette période particulière de la vie.

Malgré des chiffres ternes en salle, dus à un manque de notoriété, l’adaptation du Journal d’Aurore est à redécouvrir en vidéo/VOD. Le charme est immédiat, pour tous ceux qui ont apprécié les personnalités lunaires des gamins de Microbe et Gasoil ou Du vent dans mes mollets seront sous le charme.

Les supplémentaires :

Des scènes commentées et la bande-annonce, uniquement.

L’image :

Image DVD convenable, mais limitée de SD ; elle qui aurait pu gagner en définition. Le film est toutefois disponible à l’achat et en visionnage sur UniversCiné en HD.

Le son :

Le Dolby Digital 5.1 répond aux exigences de spatialisation lors des envolées musicales qui fonctionnent parfaitement dans les arrières rendant la projection enlevée.