Lame émoussée
Le 6 mai 2023
Le premier long métrage de Carl Erik Rinsch, qui marque le retour de Keanu Reeves dans un blockbuster, s’avère décevant.
- Réalisateur : Carl Erik Rinsch
- Acteurs : Keanu Reeves, Tadanobu Asano, Kô Shibasaki, Hiroyuki Sanada, Rinko Kikuchi, Min Tanaka
- Genre : Fantastique, Action, Arts martiaux - Combats
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h59mn
- Date télé : 11 septembre 2024 20:55
- Chaîne : RTL9
- Box-office : 242 225 entrées France / 95 540 entrées France
- Titre original : 47 Ronin
- Date de sortie : 2 avril 2014
Résumé : Un perfide seigneur de guerre ayant tué leur maître et banni leur tribu, 47 samouraïs errants jurent de se venger et de restaurer l’honneur de leurs compatriotes. Arrachés à leurs foyers et perdus aux quatre coins des terres connues, cette poignée de rebelles se voit contrainte de recourir à l’aide de Kai - un demi sang qu’ils avaient jadis renié - lors de leur combat à travers un univers violent, peuplé de monstres mythologiques, de métamorphoses maléfiques et d’effroyables dangers. Cet exil sera l’occasion pour cet esclave rejeté de se révéler leur arme la plus redoutable, et de devenir la figure héroïque qui donnera à cette troupe d’insoumis l’énergie de marquer à jamais l’éternité.
- © Universal Pictures Germany
Critique : Fondée sur un fait réel entremêlé d’éléments légendaires, l’histoire des 47 Ronin, des samouraïs sans maîtres, est extrêmement célèbre au pays du soleil levant. Elle y a déjà connu de nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision.
Et c’est avec ce mythe de la culture japonaise que Carl Erik Rinsch fait ses débuts dans la réalisation de long métrage. Une première ambitieuse pour le gendre de Ridley Scott mais malheureusement ratée sur le plan commercial. Doté d’un budget colossal de 175 millions de dollars, le film est un échec cuisant sur le territoire américain, avec moins de 40 millions de billets verts en recettes. Le studio Universal Pictures compte sur l’exploitation mondiale pour combler ce vide financier.
Mais alors cet échec commercial est-il dû à un naufrage artistique ? Oui et non.
- © Universal Pictures Germany
Carl Erik Rinsch livre une première réalisation formellement honorable. Malgré un cadrage parfois hésitant et une 3D proprement inutile, les images sont belles. La représentation graphique du Japon féodal, teinté de fantastique, est convaincante. En revanche, dans le fond et en dehors de l’action, le film manque cruellement de maîtrise et de panache.
Ainsi, on a la désagréable impression que le scénario est bâclé ; contrairement à la plastique. On regrette l’absence d’un juste équilibre entre les scènes présentant la noblesse des traditions japonaises et l’action. Les dialogues vertueux finissent par lasser et plombent le rythme narratif.
Dans ce cadre, les acteurs japonais sont tous convaincants. Quant à Keanu Reeves, arborant un style capillaire proche de Tom Cruise dans Le dernier Samouraï, il fait office de vilain petit canard monolithique. La star américaine a au moins la délicatesse d’être en retrait.
- © Universal Pictures International France
Tiraillé entre une volonté marketing visant le grand public et un respect au récit japonais originel, le film devient un ensemble claudicant. Et là où le bât blesse, c’est dans l’absence totale d’émotion qui s’y échappe. La faute à une histoire d’amour impossible, caricaturale et maladroite, ainsi qu’à la froideur caractéristique des samouraïs. Même la composition musicale d’Ilan Eshkeri laisse de marbre. Elle appuie certains passages, afin de provoquer un surcroît d’émoi, en vain.
Malgré un final convenable et une direction artistique soignée, 47 Ronin ressemble à une série B n’assumant pas son statut de blockbuster. Un film sous anesthésie émotionnelle, où l’écho des mots est plus fréquent que l’éclat des sabres. Décevant.
- © Universal Pictures International France
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Dominique Brunel 27 mars 2014
47 Ronin - Carl Erik Rinsch - critique
Simplement consternant et inutile. A la fois mal joué, mal écrit, mal réalisé. L’argent versé aux acteurs peut-il inhiber leur capacité à avoir honte ?