Le 15 avril 2020
Une histoire simple qui esquisse sans emphase toute l’ambivalence d’une des plus grandes actrices des années 70 aux prises avec les choses de la vie.
- Réalisateur : Emily Atef
- Acteurs : Denis Lavant, Birgit Minichmayr, Marie Bäumer, Charly Hübner, Robert Gwisdek
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français, Allemand, Autrichien
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h55mn
- Date télé : 15 avril 2020 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 13 juin 2018
- Festival : Festival de Berlin 2018
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Résumé : 1981. Pour une interview exceptionnelle et inédite sur l’ensemble de sa carrière, Romy Schneider accepte de passer quelques jours avec le photographe Robert Lebeck et le journaliste Michaël Jürgs, du magazine allemand « Stern », pendant sa cure à Quiberon. Cette rencontre va se révéler éprouvante pour la comédienne qui se livre sur ses souffrances de mère et d’actrice, mais trouve aussi dans sa relation affectueuse avec Lebeck une forme d’espoir et d’apaisement.
Notre avis : Tournant le dos à toute idée de biopic, la réalisatrice franco-iranienne Emily Atef choisit de concentrer son récit sur les trois jours d’un cure bretonne qu’effectua Romy Schneider en avril 1981 pour dresser le portrait sans filtre d’une femme écorchée vive.
- Copyright 2018 PROKINO Film Verlieh GmbH
A 42 ans, elle ressent le besoin impérieux de faire le point sur sa vie. Depuis son adolescence, elle enchaîne les films et n’a jamais connu l’insouciance de la jeunesse. L’Allemagne ne lui a jamais pardonné d’avoir choisi la France pour poursuivre une carrière cinématographique bien éloignée de l’atmosphère sirupeuse des Sissi qui lui collent à la peau. Elle est encore sous le choc du suicide du père de son fils tandis qu’elle vient de divorcer de Daniel Biasini, le père de sa fille. Elle a des rapports difficiles avec ses enfants, surtout avec David qui refuse de vivre avec elle. Elle traverse une crise existentielle, prise entre ses démons intérieurs et son envie de vivre mais ne se positionne jamais comme une victime. C’est cette fragilité-là que le journaliste Michaël Jürgs venu l’interviewer exploite sans vergogne jusqu’à lui faire avouer l’ampleur de son mal-être quotidien, sa lassitude à tenter de concilier vie privée et vie professionnelle, son combat quotidien contre une presse qui la traque sans relâche. Hilde, son amie d’enfance (incarnée avec une justesse émouvante par Birgit Minichmayr) apporte cette part d’équilibre qui manque tant à l’actrice éternellement tiraillée entre rires et larmes et la soutient du mieux qu’elle peut quand elle sombre.
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Il faut dire qu’elle est attachante cette femme qui se dévêt de ses oripeaux de star pour accueillir à sa table avec la même familiarité un poète (Denis Lavant) qui l’appelle pourtant Madame Sissi ou un jeune garçon venu s’entretenir avec elle nous offrant par la même occasion la plus belle scène du film, qui révèle une Romy Schneider rayonnante et avide de croquer la vie.
L’insatiabilité du journaliste à pousser l’actrice dans ses retranchements afin d’obtenir un article au goût de scandale fait patiner le scénario à mi-parcours. Fort heureusement l’intervention d’un quatuor composé de personnalités aux caractères affirmés et aux perspectives diversifiées lui permet de retrouver un semblant d’équilibre. Il n’empêche que l’on peut reconnaître à la jeune réalisatrice/scénariste le talent de restituer pleinement et sans excès la complexité d’un personnage touchant de grâce et de détresse. Ne se contentant pas de sa ressemblance physique troublante avec Romy Schneider, Marie Baümer adopte avec une précision étonnante ses gestes et expressions. Nul doute que son jeu délicat est pour beaucoup dans la réussite de ces instants savoureux de cinéma.
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Désireuse de respecter l’effet brut et sensuel des photos de Robert Lebeck (ami et confident de Romy Schneider), initiatrices de ce projet, la réalisatrice entoure sa mise en scène d’une photographie en noir et blanc de toute beauté et renforce ainsi la sobriété de son œuvre.
Si cette confession sidérante semble bien être le prélude à la fin tragique que l’on connaît, c’est dans un rayon de lumière que l’on quitte celle qui, au-delà de sa stature de star européenne, se définissait comme une femme malheureuse et alcoolique.
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