Virgin suicide
Le 28 novembre 2006
Reposant sur un suspense putassier, le salmigondis outrecuidant d’un réalisateur de vingt-deux ans.
- Réalisateur : Murali K. Thalluri
- Acteur : Teresa Palmer
- Genre : Drame
- Nationalité : Australien
- Festival : Festival de Cannes 2006
– Durée : 1h33mn
– Titre original : 2:37
Reposant sur un suspense putassier, le salmigondis outrecuidant d’un réalisateur de vingt-deux ans.
L’argument : 2h37. Le corps d’un adolescent est retrouvé dans les toilettes du lycée. Le film remonte alors le temps pour suivre le début de journée de six lycéens et tenter de faire la lumière sur ce qui s’est passé. Fiction, interviews réalistes et points de vue opposés se mêlent, tandis que les adolescents se retrouvent confrontés à leurs problèmes. Des angoisses les plus banales (intégration, relations amoureuses, pressions scolaires), aux plus sombres..., l’adolescence se révèle être pour eux l’âge où il faut choisir entre vivre et mourir.
Notre avis : Présenté en grande pompe comme l’un des événements du dernier festival de Cannes, 2h37, premier long métrage du petit malin Murali K. Thalluri (né en 1984), n’est en réalité qu’un salmigondis auteurisant plagiant honteusement Elephant. Là où Gus Van Sant radiographiait des anges paumés dans un univers terrestre et auscultait avec une mélancolie jamais artificielle les tourments d’ados, Murali K. Thalluri nous offre un défilé impossible d’archétypes qui, surprise, ne sont pas ceux qu’ils semblent être, avec le même procédé hérité d’Alan Clarke qui consiste à filmer des personnages de dos et à fragmenter le récit de manière kaléidoscopique avant le climax (attention, le whodunit repose sur le suicide d’un lycéen !). Conscient de cet enjeu dramatique spectaculaire (à côté, The great ecstasy of Robert Carmichael paraît plus honnête), le cinéaste entremêle avec cruauté des destins visiblement inspirés de personnes qu’il a fréquentées ado en soulignant deux fois plutôt qu’une que toutes les silhouettes caricaturales présentées à l’écran sont susceptibles à tout instant de passer à l’acte.
Manipulateur, putassier et complaisant, 2h37 ne laisse par ailleurs aucune place à l’ambiguïté, ne donne aucune alternative entre le noir et le blanc en récusant toute nuance intermédiaire, échoue à instiller du trouble et ne carbure qu’au bavardage oiseux. Les deux trois idées de l’artiste en herbe consistent à faire parler les personnages pour donner un aspect télé-réalité branchouille et superficiel. Mais le procédé des confessions intimes fonctionne au détriment de l’ensemble. Certainement que ce précipité dépressif qui sert d’exutoire au réalisateur (il a également tenté de se suicider) cherche à capter le mal-être ado et à retranscrire toute la détresse et la tristesse qui en découlent. Il aurait cependant peut-être fallu rappeler au jeune prodige que la subtilité peut aussi être la meilleure amie de la vraie émotion (pas celle qu’on fabrique) et surtout, que les bonnes intentions n’ont jamais remplacé un scénario, un style et un regard de cinéaste. Avant de cracher sa haine du monde sur bobine, Thalluri aurait sans doute dû faire des stages.
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Norman06 18 juillet 2009
2h37
Certes, le film emprunte beaucoup, sur la forme comme sur le fond, à Elephant. Il n’en reste pas moins touchant et maîtrisé, captant avec finesse et sensibilité les désarrois de l’adolescence. Un premier long métrage à redécouvrir.