2 nuits jusqu’au matin - la critique du film

Notre avis : Deuxième long métrage du jeune réalisateur finlandais Mikko Kupparinen, ce récit intimiste séduit par la lucidité du regard qu’il jette sur les relations humaines.
Dans un bar de Vilnius aux lumières tamisées, un beau grand garçon croise le regard d’une fille seule. Il lui offre un verre mais la conversation n’est pas facile. Elle prétend ne pas parler un mot d’anglais. Pour l’unique nuit qu’ils ont l’intention de passer ensemble, elle estime que le langage des corps devrait suffire. En apparence, rien de plus banal que cette rencontre homme/femme. Des caprices météorologiques vont les obliger à se côtoyer bien plus que prévu ; l’éloignement dû au voyage et l’enfermement dans la chambre d’hôtel feront le reste en leur permettant de se révéler à eux-mêmes. Ce qui devait n’être qu’une histoire d’un soir va prendre la tournure d’une thérapie réciproque.

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copyright Kanibal films distribution

Caroline, architecte reconnue, pose des bases solides quand il s’agit de construire un hall d’aéroport mais il n’est pas sûr qu’elle accorde la même attention à sa vie personnelle. Prise dans le tourbillon d’une vie professionnelle où la fantaisie n’est pas permise et d’une liaison amoureuse dont elle peine à entrevoir la fin malgré la tyrannie exercée par sa compagne restée à Paris, elle n’a jamais pris le temps se remettre en question. Jakko, DJ éternellement en tournée et père d’un enfant auquel il entend consacrer du temps, n’est-il pas finalement plus ancré dans la vie que ses activités le laisseraient supposer ? Par petites touches légères, le réalisateur nous fait partager la diversion passagère de ces jeunes gens bien de leur temps, qui, accoutumés à régler leurs problèmes quotidiens d’un coup de téléphone portable ou d’une liaison skype, apprennent à apprivoiser l’imprévu et encore bien plus la spontanéité. Marie-Josée Croze enveloppe de son interprétation mystérieuse et délicate cette femme tiraillée entre son besoin de vie planifiée et ce désir de brin de folie qu’elle sent naître en elle, à son grand étonnement. Elle bénéficie de la présence charismatique du séduisant Mikko Nousiainen à l’allure d’un Matt Pokora nordique qui, le sourire aux lèvres et l’œil vif, n’aura de cesse de secouer le confort sans liberté dans lequel elle s’est laissé enfermer. Grâce au huit-clos (presque toutes les scènes se déroulent dans l’hôtel) et aux dialogues finement pensés, la dynamique de cette relation binaire progresse inexorablement, laissant éclater l’entière vulnérabilité de Caroline et l’étendue du talent d’une Marie-Josée Croze toute en sensibilité et en émotion.

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Certains voyages vers l’autre ne mènent nulle part mais il en est quelques-uns qui, sans qu’on n’y prenne garde, apportent un nouvel éclairage à notre propre existence. Ces deux nuits et ce matin, peuplés de non-dits et d’aveux murmurés à demi-mots, marqueront de leur empreinte le cheminement maîtrisé vers une introspection des âmes réussie.