Guerre sans paix
Le 5 juillet 2010
Deux documentaires amers sur les conflits extérieurs et intérieurs du Proche-Orient, à découvrir au travers du regard volontairement personnel d’une cinéaste à la voix singulière et engagée.
- Réalisateur : Danielle Arbid
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Libanais
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Plus d'informations : Le site du DVD
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– Durée : 1h57min
Deux documentaires amers sur les conflits extérieurs et intérieurs du Proche-Orient, à découvrir au travers du regard volontairement personnel d’une cinéaste à la voix singulière et engagée.
L’argument : Du Liban à la Syrie en passant par la Jordanie et l’Egypte, Seule avec la guerre et Aux frontières nous emmènent dans les coulisses d’une région meurtrie par les guerres civiles. En confrontant les habitants de Beyrouth à un passé volontairement enfoui et en arpentant les routes accidentées du Moyen-Orient, la réalisatrice d’origine libanaise Danielle Arbid réveille des souvenirs douloureux et tente de cerner un monde qu’elle ne comprend plus vraiment.
Notre avis : Figurez-vous une région magnifique, suspendue entre désert et mer, clairsemée de végétation aride et de cultures arrachées à la terre, berceau de savoirs et de civilisations... A ceci près qu’aujourd’hui, cette région est noircie par les guerres - civiles ou non -, les haines inter-ethniques, inter-religieuses, internationales ; il s’agit du Proche-Orient, où Danielle Arbid, cinéaste née au Liban, pose sa caméra sous la bannière d’une production française. Avec toujours, en tête, un seul désir : fouiller pour comprendre, au risque de s’arracher les ongles en creusant et d’écorcher au passage quelques sensibilités. Le premier de ces deux documentaires cousins, Seule avec la guerre, est un lamento magistral sur l’impossibilité de vivre ou de dire la guerre et son souvenir, surtout quand un tel conflit a engendré le déchirement d’une nation. Les témoignages des deux anciens camps ennemis (les milices chrétiennes et les populations musulmanes du Liban) s’accumulent devant le regard désabusé d’une narratrice qui ne cesse pas un moment d’être au plus proche de ces êtres humains qui ont fait la guerre du temps où elle n’était encore presque qu’une enfant. Seule avec la guerre tient davantage de la recollection douloureuse - comme le puzzle mémoriel calciné de Valse avec Bachir - que du journalisme d’investigation choc, et au regard des récits de massacre énumérés par les anciens combattants en dépit de l’oubli total prêché par le gouvernement libanais au nom de la réconciliation nationale, on se dit qu’il n’aurait pas pu en être autrement.
Aux frontières, plus polémique dans son sujet et son propos - le point noir de la région, c’est-à-dire le conflit israélo-palestinien -, souffre aussi peut-être d’un cheminement moins pertinent, qui perd le film dans des séquences individuelles certes touchantes, mais que le thème général de la « frontière » ne parvient pas tout à fait à relier. Là encore, c’est la persévérance et la sensibilité de Danielle Arbid, face aux rigidités des contrôles administratifs, des check-points réguliers, des injonctions politiques, qui font, par contraste, la force de son travail documentaire : incroyables scènes que celles où un représentant du gouvernement syrien explique la géographie littéralement minée du Golan - cette terre de conflit entre les colons israéliens et les nations arabes -, sur un ton d’une neutralité frisant le détachement pur et simple... Le plus souvent, le point sensible concerne la présence même de la caméra : filmer ou ne pas filmer conduit à ouvrir certaines portes, mais à en laisser d’autres invariablement muettes, comme dans la destination finale de ce voyage documentaire, l’Egypte, d’où l’on ne peut pas filmer la frontière avec Israël. Montrer en mots et en images détournées : c’est le choix de Danielle Arbid, parfois déroutant, parfois polémique, avec le mérite de conserver vivant l’intérêt humain - et non simplement stratégique - pour une zone si belle et si ravagée.
Le DVD
Blaq Out va à l’essentiel pour cette édition simple mais efficace, qui permettra de découvrir le travail de Danielle Arbid, sans toutefois (et avec regret) s’attarder longuement sur le contexte géopolitique des événements relatés dans les documentaires...
Les suppléments
Une belle interview de Danielle Arbid vient compléter avec bonheur sa démarche documentaire. On regrette fortement pourtant l’absence de données factuelles (reportage, chronologie...) sur les deux conflits évoqués dans Seule avec la guerre et Aux frontières, qui auraient pu recadrer un peu un propos déjà très informé !
Image
Qualité vidéo correcte, et conforme à l’image d’origine, même si certaines séquences manquent clairement de contraste. Bon point en revanche pour les séquences en super 8, au grain si particulier que la copie DVD restitue avec fidélité.
Son
Malgré les efforts fournis du côté de la musique, la seule piste disponible (en stéréo) demeure assez pauvre, pêchant surtout par des contrastes trop accentués entre bruits assourdissants (en particulier le souffle du vent...) et témoignages peu audibles.
Galerie photos
Le choix du rédacteur
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