2 automnes, 3 hivers - Sébastien Betbeder - critique

Notre avis : Auteur de courts métrages inspirés, Sébastien Betbeder passe dans la cour des grands avec cette chronique sentimentale narrant le récit de deux trentenaires (Vincent Macaigne et Bastien Bouillon), en prise avec des problèmes sentimentaux, médicaux et existentiels. Par existentiels, il ne faut pas chercher la moindre perturbation métaphysique mais entendre ici des tracas liés à l’existence faite de photos de vacances dans les Alpes, de conversations nombrilistes dans des bars à vin, d’attaques au couteau dans des ruelles sombres et de bonsaï acheté en cadeau d’anniversaire et qui agonise au petit matin. L’absence de (gros) problèmes financiers, de conscience politique et la gentillesse consensuelle de ces nouveaux jeunes bourgeois bohèmes semblent relever du constat et du postulat générationnels du cinéaste, du même âge que ses personnages.

Copyright UFO Distribution

Aucune critique sociale n’est ici en exergue, Sébastien Betbeder lorgnant plutôt vers le ton intimiste et subtilement léger du Truffaut de Baisers volés ou d’un certain cinéma indépendant américain (les premiers Hal Hartley). Le film est aussi dans la mouvance de la nouvelle comédie dramatique branchée incarnée par Le Plus beau jour du reste de ta vie, de par un montage speedé proche du spot publicitaire. Il se dégage de l’ensemble un charme certain, insufflé notamment par ses interprètes dont Vincent Macaigne qui est, avec Pierre Deladonchamps dans L’Inconnu du lac, la révélation masculine du Festival de Cannes et du cinéma français de 2013. On pourra être par contre agacé par un style à la fois lisse et maniéré, à l’image de ce récitatif à la première personne (devant la caméra), récurrent chez les protagonistes du récit, et qui donne l’impression d’un tic de mise en scène plus que de d’une véritable originalité d’écriture.