Le 23 février 2015
Il est important de voir ces deux courts-métrages à la suite tant ils se répondent et se complètent, même si l’ensemble est inégal.
- Réalisateur : Sébastien Betbeder
- Acteurs : Thomas Blanchard, Thomas Scimeca, Ole Eliassen
- Genre : Comédie, Documentaire
- Nationalité : Français
- Durée : 1h04mn
- Date de sortie : 25 février 2015
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Il est important de voir ces deux courts-métrages à la suite tant ils se répondent et se complètent, même si l’ensemble est inégal.
L’argument : Inupiluk : Ce soir, comme deux, trois ou quatre fois par semaine, Thomas rejoint Thomas au café, là où ils ont leurs habitudes. Mais l’esprit de Thomas est ailleurs, à l’autre bout du monde, dans les plaines enneigées du Groenland où vit son père. Le film que nous tournerons au Groenland : Sébastien Betbeder et ses comédiens Thomas Blanchard et Thomas Scimeca se donnent rendez-vous pour imaginer le scénario du film qu’ils tourneront dans un an au Groenland, à Kullorsuaq – une suite à INUPILUK. On y retrouvera les personnages de Ole et Adam, c’est même le fondement du projet, mais ce qui s’y déroulera, ils ne le savent pas encore…
Notre avis : Réalisateur prolifique, Sébastien Betbeder est l’auteur des deux courts-métrages réunis ici en écho. L’un est (à peine) une fiction, l’autre un essai, commandé par l’Atelier de Création de France Culture, et d’abord diffusé à la radio. Les deux acteurs principaux, les deux Thomas, éprouvent leur complicité dans les deux cas, avec, à chaque fois, une micro-dispute. Le même ton se retrouve, cette décontraction amusée terriblement contemporaine ; le style, fait de séquences peu découpées et d’un goût prononcé pour le gros plan, est quasi identique, comme le refus de l’artifice et la fascination pour les acteurs. On ne cherchera pas une structure scénaristique stricte, et, même quand ils sont écrits, les dialogues semblent constamment improvisés, ce qui donne aux deux films l’allure désinvolte de déambulations entre potes. La sympathie qu’on peut éprouver pour eux entre pour beaucoup dans le plaisir qu’on ressentira à la projection.
Inupiluk, qui signifie « gangster », raconte la visite en France de deux Inuits, accueillis par deux trentenaires velléitaires, quatre hommes qui ne parlent pas la même langue et n’ont rien en commun. Au fil de ce parcours, on sent naître puis croître une complicité inattendue. La force du film est d’éviter les clichés et de croire assez aux personnages pour faire de micro événements l’essentiel du scénario. Pas de regard condescendant ou curieux, pas de moquerie de part et d’autre, mais une amitié qui se fonde sur l’humanité simple, c’est à dire sur les détails qui humanisent à travers les différences : un bain, une visite au zoo, une chanson à la guitare, autant de petits moments qui tissent sans insister un lien fort. Alors, quand les Inuits rejoignent un Suisse guindé qui parlent leur langue, on sent que cette parenthèse dans la vie des Thomas les a transformés, ce que Betbeder suggère par deux courtes séquences : Lise répond enfin, et ils jouent au tennis au lieu de le regarder à la télé. D’une certaine manière, c’est un récit initiatique miniature que nous avons vécu.
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Le film que nous tournerons au Groenland tient de l’essai : le réalisateur retrouve les deux acteurs pour construire ensemble le scénario d’un long-métrage qui reprendra les personnages, suite à leur promesse d’aller visiter les Inuits. D’un café à un appartement, en passant par un restaurant et une partie de ping-pong en plain air, on suit les déambulations de ce groupe, à la recherche d’idées. Ce brainstorming aux allures d’improvisation est entrecoupé de blagues, de commentaires, de références, bref s’assume comme une première approche, simple discussion que guide le bonheur d’être ensemble. On y retrouve le plaisir de filmer des acteurs, gratuitement, dans un montage minimal qui laisse place aux aléas, vrais ou faux (la rencontre avec une amie est-elle le fait du hasard ?).
Certes, voir ce film après le premier suscite notre sympathie et elle déteint à ce point sur lui que le début ressemble plus à des retrouvailles attendries qu’à une émotion cinématographique. Mais reconnaissons que l’absence totale de cet « enjeu » dont parlent les personnages finit par rendre ce court-métrage évanescent et, c’est un paradoxe, assez long.
Le bilan est donc mitigé : si Inupiluk séduit par ces petits riens qui forment un regard plus profond qu’il n’y paraît, Le film que nous ferons au Groenland recourt à un dispositif qui trouve vite sa limite. Mais les voir à la suite constitue une expérience intéressante et, par moments, jubilatoire.
Notes : LA SUITE… VOYAGE A KULLORSUAQ - Une suite de cette aventure sera mise en boîte à partir du 25 mars. On y verra les deux protagonistes s’envoler en effet au Groenland. Les préparatifs de cette nouvelle aventure sont à suivre depuis le 20 février en ligne, avec différents contenus (texte, audio, vidéo) pour mieux découvrir cette fascinante région du monde.
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