Notre avis : Exercice toujours difficile - si ce n’est périlleux - que celui de choisir, depuis la naissance du septième art, cent titres pour petits et grands. Si, comme le rappelle Olivier Père dans la préface en citant Truffaut, nous avons tous deux métiers, le sien et celui de critique de cinéma, à partir du moment où nous sommes spectateurs, l’étymologie grecque de « critique » signifie bien choisir, séparer, décider et le cinéma est bien par excellence cet art de la subjectivité. « Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs », selon la célèbre formulation de Godard, dans l’incipit du Mépris, propos qui est généralement attribué à Bazin.
Tout en se présentant comme un guide, cet ouvrage est modestement une sélection parmi d’autres et une invitation à la partager avec de petites oreilles et des regards sensibles, l’éducation à l’image s’avérant cruciale, à l’heure du tout écran. En vérité, ce ne sont pas cent titres, mais bien plus qu’il faudrait, puisqu’un film en invite d’autres et les auteurs ne manquent pas de citer ceux qui peuvent y faire écho.
Facile à lire et pratique (il comporte un index des réalisateurs et des films en fin d’ouvrage), l’ouvrage est élaboré de façon chronologique, très imagé. On traverse toute l’histoire du cinéma. Il est vrai que d’aucuns pourront regretter l’absence du réalisme poétique à la française (notamment les Enfants du paradis) et la présence de titres déjà galvaudés (comme le Blanche neige de Disney), mais il faut admettre la limite de l’exercice comme une invitation à créer sa propre sélection. On peut regretter le choix de l’indication d’un âge reporté à la fin de l’ouvrage, mais une fois encore c’est s’aventurer dans un débat difficile, tant chaque être est différent et ce qui semble compter davantage, c’est l’accompagnement que l’adulte propose à l’enfant et il s’agit bien de partager un moment en famille et de transmettre un désir de cinéma.