Le 28 novembre 2021
Un road movie sensible au cœur du Maroc où la réalisatrice, Simone Bitton, saisit l’opportunité de revenir sur les traces de sa famille, pour dresser le portrait saisissant d’un pays qui fait honneur au vivre-ensemble, à travers ceux qu’elle nomme les gardiens musulmans de la mémoire juive.
- Réalisateur : Simone Bitton
- Genre : Documentaire, Road movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : JHR Films
- Durée : 1h39mn
- Date de sortie : 1er décembre 2021
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Résumé : Au Maroc, la ZIYARA (visite des saints) est une pratique populaire que juifs et musulmans ont toujours eu en partage. Le film est un road movie au pays natal, un pèlerinage cinématographique où la réalisatrice va à la rencontre des gardiens musulmans de sa mémoire juive.
Critique : La pluie s’abat sur des tombes blanches, abandonnées, adossées au bord de Rabat, comme vidées de toute trace de vie. C’est là que des familles juives ont vécu par milliers, dans cet endroit où elles se sont mariées, ont enfanté des petits et sont mortes. D’autres ont quitté le pays vers un destin occidental. Il y a peut-être les traces de la propre famille de la cinéaste, Simone Bitton. Il y a surtout l’occasion de dresser sur l’écran le portrait d’un pays somptueux où les musulmans cohabitaient avec les chrétiens et les juifs. Alors, la caméra entreprend ce beau pèlerinage, la Ziyara, où elle tente, dans une expérience autant esthétique que cinématographique, de retisser la matière spirituelle qui constitue cette nation maghrébine.
- Copyright JHR Films
Un grand nombre de scènes se passent dans des voitures. On imagine Simone Bitton, la caméra sur l’épaule, qui saisit des paysages magnifiques. On l’accompagne dans ce périple d’un sanctuaire à l’autre où elle prend le temps de rencontrer ces femmes et ces hommes qui veillent sur les saints. Ils parlent de leur fonction comme un serviteur de l’humanité le ferait. A chaque fois, de ces visages, s’extraient une douceur inouïe, et surtout une volonté intarissable de faire perdurer la tradition et faire cohabiter dans le recueillement juifs et musulmans. Simone Bitton parle un arabe parfait. Cela lui permet de faire la connaissance de personnes très différentes, qui se livrent avec pudeur et émotion. Ils parlent de leur rapport au sacré, de leur attachement indéfectible à composer avec le multiculturalisme. Ziyara apparaît donc comme un film rempli d’espoir qui démontre, en ces temps troublés, que la tolérance n’est pas un vain mot au Maroc.
- Copyright JHR Films
Il y a dans la façon de filmer, d’appréhender les personnages et les paysages, un véritable soin à aller au plus profond des choses. En fixant un pan de fenêtre, une porte, un couloir, Simone Bitton restitue une histoire ancienne où les juifs vivaient avec les musulmans dans une harmonie apparente. Les familles ont déserté ces espaces de vie. Ils sont devenus des lieux de passage, des souvenirs d’hier, mais la réalisatrice voudrait en faire des espaces atemporels et universels, sublimés par la magie du cinéma. Elle fait parler les gens de leur enfance, de la chance qu’ils ont eu de se voir confier les clés des sanctuaires. Il y a beaucoup d’amour dans le geste de filmer les sourires, les habits traditionnels ; et surtout le même talent que l’on trouve chez les photographes à pouvoir capter la beauté et la magie d’un paysage ou d’un visage.
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Ziyara est un documentaire simple et attachant. Il n’y a aucune volonté de prosélytisme religieux dans ce projet. Il s’agit seulement, et c’est beaucoup, d’une expérience humaniste et esthétique avec le peuple marocain. Le film pose une question centrale à savoir ce que serait devenu le Maroc si les juifs n’avaient pas vécu aux côtés des musulmans aussi longtemps, mais aussi s’ils ne l’avaient pas quitté.
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