Yoyo - Pierre Étaix - critique

Critique : Toute cette première partie est traitée comme une œuvre muette, uniquement ponctuée par quelques bruits incongrus et humoristiques. Pierre Étaix rend un puissant hommage au cinéma muet, autant celui du français Max Linder à qui son personnage ressemble, qu’à celui de Buster Keaton pour sa lutte stoïque contre les éléments.
Ses références cinéphiliques ne s’arrêteront pas là, puisque l’action va se déplacer en 1929, où le millionnaire va tout perdre dans le krach boursier, mais où le long métrage va gagner la parole. Sa banqueroute sera l’occasion pour lui de retrouver la belle femme de la photo qui est écuyère et de découvrir l’enfant qu’elle avait eue avec lui, un dénommé Yoyo.
C’est le parcours de l’enfant que nous suivrons ensuite jusqu’au début des années 1960, et qui permettra d’autres hommages, à Charlie Chaplin et à Federico Fellini notamment.
Au-delà de sa passion pour le cinéma, l’auteur prouve aussi tout son attachement au monde du cirque : le millionnaire y retrouve son écuyère et son propre fils deviendra un clown célèbre.

L’histoire qui se déroule sur près de quarante ans est aussi un prétexte à de nombreux gags visuels particulièrement originaux et bien élaborés. Le récit développe une poésie pleine de charme où la liberté et la fantaisie s’opposent au monde de l’argent et des conventions sociales.
Quelques moments de pur bonheur de gags visuels : le parcours compliqué d’un bijou lors d’une soirée mondaine, la façon astucieuse de se passer un paquet de cigarettes depuis une voiture qui roule jusqu’au bout de la caravane qu’elle tracte sans jamais s’arrêter, ou encore un réveil qui va fondre pour avoir été confondu avec une casserole !

Pierre Étaix (1928-2016 , homme de cirque et de cinéma, est l’un des rares en France à s’être frotté à une forme de slapstick (humour impliquant une gestuelle exagérée). Malheureusement, un litige sur les droits d’auteur de ses films ne permettra pas de revoir ceux-ci avant les années 2010. Ce problème juridique a évidemment beaucoup nui à sa notoriété.

Un véritable auteur à redécouvrir.