Youssef Salem a du succès - Baya Kasmi - critique

Critique : Huit ans après son premier long métrage Je suis à vous tout de suite, Baya Kasmi orchestre à nouveau un joyeux bazar autour du thème de la famille : ici des immigrés d’origine marocaine, complètement perturbés par le succès d’un des leurs, Youssef Salem. Ce dernier est un auteur de quarante-cinq ans dont les livres biographiques n’ont jusque-là rencontré qu’un faible écho. Mais l’impensable arrive : par le biais de son premier roman aux consonances autobiographiques, le personnage connaît un triomphe... à l’insu des siens.
Surpris par la réception de son ouvrage, Le Choc toxique, le protagoniste ne goûte pas du tout à cette notoriété, d’autant que c’est aussi un homme effrayé par les réactions de ses proches, notamment de son père, un amoureux des lettres, allergique aux fautes d’orthographe ou de syntaxe. Youssef mentait déjà sur sa situation personnelle, il est contraint de s’accommoder d’une situation inconfortable qui va le mener jusqu’à la consécration littéraire ultime : le Goncourt. Toutefois, on s’aperçoit aussi que dans cette famille, comme dans bien d’autres, un certain nombre de gens ont des choses à cacher.

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Philip Roth avait prévenu : « Quand un écrivain naît dans une famille, la famille est foutue ». La maxime, présente sur l’affiche du film, constitue le fil conducteur de cette comédie rythmée où, à partir d’un canevas presque vaudevillesque fondé sur la dissimulation, le long métrage carbure aux situations burlesques et aux malentendus répétés qui impactent ce fils devenu "indigne", mais traite aussi, en filigrane, des coulisses du monde littéraire ou de l’identité culturelle. L’alchimie fait de cette œuvre une comédie sociale ni plus indigne, ni meilleure que tant d’autres.
Alors oui, l’humour qui traverse ce feel good movie rappelle, par son caractère joyeusement sacrilège, le cinéma de Woody Allen, mais on a tout de même du mal à retrouver le mordant de la coscénariste qui signa avec Michel Leclerc, Le nom des gens en 2010. La faute sans doute à un manque de finesse dans la satire et à des personnages plutôt agités comme des marionnettes, à l’image de cette éditrice frénétique que joue Noémie Lvovsky.

Interview de la réalisatrice et scénariste Baya Kasmi