Le 7 octobre 2021


- Scénariste : Antoine Ozanam>
- Genre : Drame, Western
- Editeur : Soleil
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 26 août 2020
Adaptation fougueuse et hargneuse d’un roman ancré dans la guerre de Sécession.
Résumé : La fin de la guerre civile a laissé tellement de traces aux États-Unis, qu’Abel Truman peut les compter, sur et dans sa chair. Avec son chien, il vit en ermite, seul avec ses fantômes et ses regrets. Mais même la solitude finit par se payer, et c’est une dernière aventure qui va s’imposer à lui, entre vengeance et repentance.
La narration de Lance Weller avait fait de ce roman, publié en France aux éditions Gallmeister, un solide chef-d’œuvre de cette littérature américaine amoureuse du traumatisme et de l’écho d’une guerre perdue. En adaptant une trame multiple, faite d’escarmouches de yankees, d’esclave en fuite et de familles brisées, on pouvait se dire que la tâche serait délicate pour recréer cette atmosphère moite et sanglante de l’Amérique. Et pourtant, force est de constater (et Lance Weller abonde en ce sens), que Ozanam et Bandini ont réussi le challenge de l’adaptation haut la main. En brisant et égarant les souvenirs au gré des tempêtes de la tête du héros, le rendu est parfois déroutant, comme si une situation apparaissait d’un bond, souvent sans mot ou bruit, comme si un personnage qui intervenait pour la première fois était là depuis toujours. Cet effet d’écho se répercute jusqu’à la fin, et le sentiment de nature humaine et sauvage qui s’imprègne l’un l’autre se dessine peu à peu à travers les pages.
Antoine Ozanam, Bandini / Soleil
Ces pages, justement, ont quelque chose d’hypnotique, pour envoûter à ce point le lecteur dans ces forêts, ces plages où l’homme n’est rien, mais chacune de ses actions se ressent. Un chien, un bébé, un fusil qui ne semblent avoir aucun détail peuvent ainsi acquérir une importance incroyable, tant les couleurs, les traits semblent les écorcher plutôt que les dessiner. Il y a une véritable grandeur dans ces échappées, ces traques et ses scènes de quotidien, où l’on oscille entre tourment et quiétude. C’est parce que le dessin de Johan Camon, dit Bandini, possède cet attrait particulier qui semble ne jamais pencher vraiment d’un seul côté, un style en mouvement.
Antoine Ozanam, Bandini / Soleil
A la croisée d’un Blueberry qui aurait rencontré The Revenant, Wilderness est une adaptation remarquable d’un roman américain, non pas à la sauce BD française, mais bien dans le respect d’une ambiance et d’une vision.
152 pages - 19,99 €