Le 16 juillet 2023
Tirée d’un documentaire de cinéma, cette fresque d’un bureau d’aide sociale américain s’étire en longueur, du fait de la juxtaposition de situations de crise qui manque singulièrement d’unité.
- Acteurs : Évelyne Didi, Marie Payen, Mexianu Medenou, Salif Cissé, Julie André, Astrid Bayiha, Eric Charon, Aleksandra de Cizancourt, Olivier Faliez, Vincent Garanger, Zakariya Gouram, Nama Keita, Agnès Ramy, David Seigneur, Thibault Perriard
- Durée : 2h30mn
- Auteur : Frederick Wiseman
- Metteur en scène : Julie Deliquet
- Genre : Théâtre (spectacles)
- Salle de Théâtre : Le Palais des Papes
- Date de sortie : 7 juillet 2023
- Festival : Festival d’Avignon 2023
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Adaptée d’un documentaire de l’oscarisé Frederick Wiseman, une journée particulière dans la vie de quinze héros du quotidien, qui slalome entre action, attention, absurde et tragique.
Critique : Voilà un spectacle qui pose tout une série de questions. Adapté d’un documentaire américain, la problématique demeure de savoir si le théâtre a pour objet de représenter la réalité brute, ou de conter des histoires, dans le format habituel qu’on lui connaît. En l’occurrence, Julie Deliquet installe le bureau d’aide sociale dans un gymnase aménagé pour accueillir des populations en difficultés. Les entretiens se succèdent avec, pour chacun, des situations sociales désespérées. Chaque prise de parole constitue une histoire en soi, avec son lot d’incohérences administratives, de brutalités, qu’il s’agisse des usagers se voyant refuser leurs droits ou des travailleurs sociaux recevant en pleine figure le désespoir de ces personnes.
- Copyright Christophe Raynaud de Lage
En vérité, la question est de savoir s’il s’agit d’une réécriture d’un documentaire ou d’un objet de représentation théâtrale. La définition se situe entre les deux. De fait, l’unité de temps ou de lieu se délite dans une multiplicité d’entretiens d’évaluation qui n’ont d’autres intentions que de décrire des problématiques d’ordre social. À la limite, les personnages commencent à dessiner un destin commun pendant la pause des travailleurs sociaux, occupant alors le gymnase avec un jeu de ballons. Mais les dialogues semblent alors surgis de l’instantanéité de ce match de basket et perdent tout sens dramaturgique. On peine même à penser que les dialogues ont été travaillés, à l’exception peut-être de ce très long échange entre un vétéran et un policier noir. Le premier assassine le second d’un florilège de provocations racistes, démontrant la complexité pour l’État américain de l’époque de faire coexister des populations très hétéroclites.
- Copyright Christophe Raynaud de Lage
Mais le spectacle ne fonctionne pas. Le format du Palais des Papes devient même une forme de handicap dans une mise en scène assez minimaliste. Julie Deliquet est habituée à mettre en scène des fictions de cinéma. Ici, il s’agit d’un documentaire et le réalisme du propos peine à interroger la pertinence de cette mise au théâtre. On aurait pu penser qu’avec un tel sujet, une force politique puissante. Hormis la dimension de l’usure professionnelle des travailleurs sociaux, cet aspect politique du spectacle est parfaitement absent. On ne parvient pas revisiter notre propre manière en France ou en Europe de traiter les pauvres et de gérer l’exclusion. Sans doute aurait-il été utile d’adapter le documentaire à la situation contemporaine française, pour permettre aux spectateurs de s’identifier aux destins contrariés qui se déroulent sous leurs yeux.
- Copyright Christophe Raynaud de Lage
Welfare perpétue la réflexion sur le modèle d’action sociale à New York jusqu’à porter un titre anglosaxon. Les comédiens apparaissent très troublés par ces références, offrant un jeu assez inégal, bavard et bruyant. Seule l’actrice principale qui incarne l’assistante sociale dépassée par les évènements sauve le spectacle. Elle fait montre d’une grande énergie, d’un engagement sans faille au service d’une cause qui la dépasse peut-être un peu.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.