And then prepare for war.
Le 1er avril 2014
Documentaire de propagande, We steal secrets fait face à un combat d’idées dont il ne perçoit ni l’importance ni l’intensité.
- Réalisateur : Alex Gibney
- Acteurs : Julian Assange, Adrian Lamo, Bradley Manning
- Genre : Documentaire, Inédit (salle, vidéo)
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Universal Pictures Video
- Durée : 02h10mn
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- Date de sortie DVD : 01 avril 2014
Documentaire de propagande, We steal secrets fait face à un combat d’idées dont il ne perçoit ni l’importance ni l’intensité.
L’argument : L’histoire de la création du site WikiLeaks par Julian Assange, qui a constitué la faille la plus importante dans l’histoire de la sécurité américaine.
Notre avis : Dans l’histoire du septième art, le documentaire a souvent été utilisé comme une arme de propagande. D’aucuns considèrent à tort que ce genre cinématographique se caractérise par un désir de capter le réel et d’en transmettre la vérité. Le cinéma direct s’oppose pourtant à une tout autre lignée de films documentaires, dépourvus du moindre souci d’impartialité. We steal secrets appartient à cette dernière catégorie.
© Universal Pictures
Alex Gibney se prosterne devant l’ère de la surveillance électronique de masse et rend gloire à la toute-puissance de l’Etat américain. Le cinéaste s’arroge le droit de décider ce dont il convient d’informer le spectateur ou non. Pourvu d’une solide mauvaise foi, le metteur en scène réécrit l’Histoire à grands renforts d’omissions et de détournements de propos. Est-il lui-même conscient de la dangerosité de ses actions ?
WikiLeaks est l’une des associations les plus controversées de ce vingt-et-unième siècle. Syndrôme de notre époque, sa raison d’être demeure avant tout de donner une audience aux fuites d’informations publiées sur le site web. Son fondateur, rédacteur en chef et porte-parole, Julien Assange, aujourd’hui sous le coup d’une extradition demandée par la Suède, vit actuellement à l’ambassade d’Equateur à Londres, depuis juin 2012.
We steal secrets aborde l’affaire WikiLeaks sous l’aspect le plus glissant qui soit. Assange serait selon les dires du réalisateur, un monstre manipulateur, malhonnête, égoïste et perverti par sa recherche du pouvoir. Omettant volontairement d’interroger l’homme sur ses motivations initiales, ses aspirations politiques, ses revendications sociales et humaines, Alex Gibney monte un dossier à charge contre le cyberactiviste. Son fer de lance ? Les allégations de viol proférées à l’encontre du militant. Outre de terribles inexactitudes, le docufiction passe sous couvert certains éléments pourtant connus du grand public sur ce sujet (la non présence d’ADN sur le préservatif retrouvé déchiré, le refus d’une plaignante de signer la version des faits telle quelle...) Et ce, en quel but ? Ou plutôt, un film traitant de la plus grande fuite de documents de l’histoire de l’humanité peut il se permettre de se travestir à ce point ? Quelle différence entre cet hybride visuel et le plus sordide des faits divers ?
© Universal Pictures
Non content de ces considérations mesquines -ayant somme toute fort peu à voir avec les prétentions du site internet-, We steal secrets traite de Julian Assange et du soldat Bradley Manning comme de deux inadaptés sociaux, l’un profondément paranoïaque, l’autre en proie à d’atroces tourments liés à son orientation sexuelle. Cela va sans dire, un tel procédé cinématographique porte atteinte à la crédibilité de son cinéaste et élude le seul sujet véritable : WikiLeaks. Quid de la persécution étasunienne à l’encontre de ces dénonciateurs ? La torture et la prison à vie pour Manning, la diffamation publique et les abus perpétrés à l’encontre d’Assange ? Serait-il de bon aloi de rappeler la situation précaire d’Edward Snowden aujourd’hui, ayant obtenu un asile temporaire en Russie ?
L’asymétrie informationnelle, tout autant que les conflits moraux qu’elle peut engendrer, témoigne d’une réalité qu’il ne s’agit pas d’ignorer. Avec We steal secrets, Alex Gibney porte tort à un combat qu’il ne semble pas comprendre. Sans le cautionner pour autant, nous aurions aimé le voir s’exprimer sur pellicule.
LE TEST DVD :
Les suppléments :
0
Aucun bonus vidéo. Cela aurait pu porter tort à la mécanique fort bien huilée d’Alex Gibney. Le diable est dans les détails, comme dirait l’autre.
L’image :
Drône, caméra de surveillance, caméscope bon marché, créations numériques... Le docufiction offre par trop de distorsions visuelles liées à l’utilisation de divers appareils pour pouvoir témoigner d’une image propre. Cela ne porte néanmoins pas préjudice au propos, au contraire.
Le son :
Seule la piste originale est disponible en Dolby Digital 5.1.
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