Le récit vivant et plein d’humanité d’Emmanuel Lepage pour partager son voyage au bout du monde.
Le 2 décembre 2021
- Scénariste : LEPAGE, Emmanuel>
- Dessinateur : Emmanuel Lepage
- Genre : Voyage, Reportage
- Editeur : FUTUROPOLIS
- Date de sortie : 10 mars 2011
Emmanuel Lepage relate son périple pour les Terres australes et antarctiques françaises. Au fil des pages, il fait découvrir l’histoire, le quotidien de l’équipage qui assure le ravitaillement de ces îles et sa perception de cet environnement si particulier.
Résumé : Dans un reportage graphique visuellement saisissant et un sens aiguisé de la narration, Emmanuel Lepage rend compte de son voyage dans des îles nimbées de mystère.
Ses lecteurs le savent bien : Emmanue Lepage a un penchant pour les voyages extrêmes. Avec Voyage aux îles de la désolation (2011), il ne déroge pas à la règle. Il raconte son voyage en mer de plusieurs mois, pendant lequel il a vécu au rythme de l’équipage du Marion Dufresne, un navire ravitailleur des bases australes. Son périple n’est pas de tout repos. Le croquis de voyage, qui sollicite tous ses sens, devient un exercice complexe. Pour coucher sur le papier les lumières des îles de Kerguele qui changent en un clin d’oeil, il doit convoquer sa mémoire. De plus, il dessine dans des conditions climatiques extrêmes. Il subit la pluie, le vent et le froid et, à cause de ses gants, il peine à manier son matériel. Ses feuilles de dessin sont souvent détrempées et il ne peut s’offrir le luxe de prendre son temps. Sa course contre la montre l’empêche régulièrement d’achever ses croquis ou le contraint à aller à l’essentiel. Mais il y a pire : Lepage est sujet au mal de mer. Ses dessins eux-mêmes contiennent souvent la trace de ce problème majeur. En parallèle, l’équipage fait face en permanence à des soucis logistiques prolongent leur voyage. En choisissant de ne rien cacher de ces nombreux obstacles dans sa BD-reportage, Emmanuel Lepage immerge un peu plus le lecteur dans son périple. Et avec lui, la forme fait souvent écho au fond, notamment grâce à ses exceptionnels lavis.
La plupart des obstacles que rencontrent Lepage sont liés à sa production documentaire. Il a la bonne idée d’intégrer ses croquis dans sa BD-reportage, car ceux-ci témoignent très bien des difficiles conditions dans lesquelles il a dessiné. Par ailleurs, il n’hésite pas à communiquer sa peur au lecteur. On craint pour lui quand il manque de lâcher son carnet à cause du choc des vagues. Il a en effet pris la folle initiative de s’installer sur la proue du bateau pour dessiner, alors que le temps est exécrable. Ces instants sont autant d’occasions de faire ressentir encore plus intensément son voyage au lecteur. Car Lepage joue avec les sentiments du public, et il ne le fait jamais aussi bien que grâce à ses lavis. Il a le don de sublimer tous les paysages qui renaissent sous ses crayons ou sous ses pinceaux, capte les lumières et les mouvements de la mer de façon saisissante. Le lecteur apprécie d’abord la planche entière (qui tient parfois sur une double-page) puis, quand il y en a, les cases. Avec ces paysages, l’auteur invite à la contemplation dans sa BD-reportage, genre indissociable du temps long. Paradoxalement, certaines de ses planches sont si belles que le lecteur peut se demander si l’auteur ne s’est pas laissé envahir par ses émotions. Quoiqu’il en soit, par diverses techniques qu’il maîtrise parfaitement (fusains et pastels pour ses croquis, lavis pour ses planches réalisées en atelier) et sa narration sincère, Emmanuel Lepage transporte le lecteur.
Lepage confirme son talent d’auteur et de dessinateur avec Voyage aux îles de la désolation. Il rapporte avec brio son expérience et nous ouvre les portes d’un quotidien méconnu, celui de scientifiques et de marins qui naviguent pendant des mois.
160 pages - 26 €
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