Le 9 décembre 2022
Brady Corbet réalise un film singulier, troublant à bien des égards, mais que personne ne peut qualifier d’intéressant.
- Réalisateur : Brady Corbet
- Acteurs : Jude Law, Natalie Portman, Daniel London, Jennifer Ehle, Stacy Martin, Christopher Abbott, Maria Dizzia, Raffey Cassidy
- Genre : Drame, Musical
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Universal Studio Canal Video
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 23 octobre 2024 22:54
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 2 octobre 2019
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– Année de production : 2018
Résumé : Adolescente, Celeste est victime d’une fusillade au sein de son école. Elle en échappe de justesse, et compose une chanson avec sa sœur en mémoire de l’attentat qui l’a secouée. C’est paradoxalement le début d’une longue et riche carrière pour elle dans la chanson. Néanmoins, une fois adulte, Celeste ne va-t-elle pas voir son passé la rattraper, d’une manière ou d’une autre ?
Critique : Brady Corbet veut en faire beaucoup. Trop ? Au vu de la réception par le public de son deuxième long-métrage, très mitigée, on serait tenté de dire oui. Toutefois, si un sentiment de confusion peut se dégager du visionnage de Vox Lux, il serait très dur d’affirmer que ce dernier n’est pas une réussite, même modeste.
En effet, Corbet tente le film d’auteur, le vrai, avec des partis pris étonnants, et une forme de prétention qui n’a rien de malsaine. On peut la lui reprocher, certes. Mais assumons-le : n’est-il pas préférable de voir un auteur aller un peu trop loin dans sa démarche, plutôt que de constater qu’il a la caméra qui tremble ? Ainsi, tout indique, dans Vox Lux, que Corbet veut signer, à sa manière, son grand film. Les enjeux, de fait, sont gigantesques, contrairement aux apparences. Ce n’est pas simplement l’histoire de Celeste qu’il conte. C’est surtout celle d’un pays confronté à la résurgence d’une forme de violence à laquelle il peine à faire face, et surtout, à laquelle il s’accoutume. Cette violence, dont n’est jamais responsable Celeste, la hante pourtant. Elle la poursuit, inexorable.
Dès lors, on comprend que Vox Lux n’est autre qu’une fresque ambitieuse, une radiographie de la violence aux Etats-Unis et dans le monde, dont le destin est lié à son héroïne. C’est aussi un film qui vit au rythme de la musique, ce qui permet d’établir une analogie intéressante : par les costumes, mais aussi certaines mimiques et gimmicks de mise en scène, il est possible de penser à Phantom of the Paradise, de Brian De Palma (1974). Et le parallèle est plus profond qu’il y paraît, puisque le propre narrateur de l’histoire confirme indirectement ce lien de parenté. Dès lors, on regarde aussi l’héroïne, et tout ce qu’elle représente, comme le pauvre Winslow de De Palma, défiguré, excessif. Surtout : lié au Diable par la force des choses.
En outre, on pourra regretter quelques choix de mise en scène pour le moins surprenants, comme des dialogues filmés de dos, assez étonnamment impersonnels (ou incompris, soit). Surtout, et le point est central, bien que l’on ne puisse véritablement pas faire de reproche au casting en général, il est difficile de ne pas tiquer à chaque apparition de Natalie Portman. En effet, si elle semble se démener pour offrir une performance électrisante, on lui accordera peu de crédit dans ce rôle : on ne voit que Natalie Portman, essayant de moduler sa voix et de changer sa démarche, sans pour autant atteindre un ton tout à fait convaincant.
Vox Lux révèle toutefois un bon cinéaste, assez injustement ignoré à sa sortie chez nous (pas de sortie salle), qui mériterait un coup de projecteur.
– Sortie DVD : 2 octobre 2019
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