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Le 28 juillet 2004
Jorge Semprún revient à sa langue natale pour écrire une fresque vertigineuse de l’Espagne franquiste. Un roman cathartique pour l’âme ibère.
Jorge Semprún revient à sa langue natale pour écrire une fresque vertigineuse de l’Espagne franquiste. Un roman cathartique pour l’âme ibère.
Le choix d’une langue pour un écrivain bilingue est en soi lourd de sens. Ce n’est ainsi pas un hasard si Jorge Semprún a choisi sa langue natale, le castillan, pour écrire son dernier roman. Vingt ans et un jour est peut-être en effet le roman cathartique qu’attendait l’Espagne pour cicatriser définitivement les blessures de la guerre civile et des années franquistes. Le titre fait d’ailleurs référence à la durée d’emprisonnement qui était infligée aux dirigeants de l’opposition clandestine par le régime du Caudillo. C’est aussi le temps qui sépare les deux événements marquants de cette splendide fresque construite sous la forme d’un récit gigogne.
Le 18 juillet 1936, des généraux nationalistes entreprennent un coup d’État contre la République espagnole. Le même jour, des journaliers agricoles assassinent José Maria Avendano, l’un des propriétaires de La Maestranza, un grand domaine de la région de Tolède. Durant vingt ans, José Manuel, frère de la victime et nouveau maître des lieux, impose chaque année à ses paysans une sinistre commémoration expiatoire en exigeant de leur part qu’ils reproduisent la scène du meurtre, tandis que son jeune neveu doit jouer le rôle de son père défunt. Mais le 18 juillet 1956, une toute autre célébration est organisée. La communauté de la Maestranza s’apprête à ensevelir ensemble, symboliquement, le maître José Maria et Chema, responsable supposé du soulèvement des journaliers, afin de clore définitivement ce chapitre sanglant de son histoire.
Outre la famille Avendano et la magnifique veuve Mercedes Combo, l’événement donne l’occasion à des personnages aussi antagonistes qu’un commissaire franquiste, des communistes clandestins et un historien américain de se croiser dans la bibliothèque de la Maestranza. Ce rendez-vous insolite s’inscrit dans une période transitoire de l’histoire espagnole. Le régime franquiste doit en effet faire face à l’agitation estudiantine tandis que l’action clandestine du parti communiste est de mieux en mieux organisée bien que troublée par les conclusions du rapport Khrouchtchev. Le narrateur dont l’identité reste longtemps secrète est bien placé pour en connaître les répercussions puisqu’il s’agit de Federico Sanchez, jeune responsable communiste clandestin mais aussi vrai-faux nom de Semprún alors qu’il était au début des années 50 agent de liaison entre la résistance espagnole et le parti communiste.
Les allusions autobiographiques ponctuent une fiction relatée dans un apparent désordre par un narrateur démiurge. Ce dernier joue avec le lecteur au gré d’allers-retours incessants dans le temps, de sous-entendus plus ou moins obscurs et de récits transversaux comme pour mieux tenter de saisir la complexité d’une époque historique mais aussi de héros tragiques comme celle de la capiteuse Mercedes. De ce vertige narratif, le lecteur ressort pantelant mais transporté et ébloui par la virtuosité de Jorge Semprún.
Jorge Semprún, Vingt ans et un jour, (Veinte años y un dia, traduit de l’espagnol par Serge Mestre), Gallimard, coll. "Du monde entier", 2004, 303 pages, 19 €
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