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Le 6 juin 2006

La passionnante histoire d’un transfert culturel.
La passionnante histoire d’un transfert culturel.
Sous la direction de Marc Cerisuelo qui signe une introduction éclairante sur le dessein de l’ouvrage, une dizaine d’universitaires ont planché sur diverses figures marquantes d’Hollywood issues de cette partie de l’Europe centrale. Le but n’est pas de fonder une théorie générale sur cette immigration culturelle mais bien au contraire d’apporter des éléments de réponses aux questions qu’a pu poser celle qui était en vogue jusqu’à voici une dizaine d’années et qui faisait de ces figures des réfugiés du nazisme. Tout démarre donc chronologiquement par l’arrivée d’Allemands et surtout d’Autrichiens au début du siècle.
Et puisque aucune volonté de pensée totalisante n’est ici à l’œuvre, le livre se présente comme une suite d’articles au rapport ténu (l’origine des personnages uniquement) qui peuvent aussi bien se lire indépendamment les uns des autres et qui, s’ils éclairent chacun un pan d’ombre laissé par son voisin, ne prétendent pas détenir une vérité générale et pour cette raison, se laissent entière liberté d’interprétation les uns aux autres.
Si au premier abord, cette approche peut déconcerter, c’est pourtant elle qui fait la force de cet ouvrage éclectique. On passera ainsi de figures très connues à d’autres plus ignorées du grand public. Et l’on apprendra que la prétendue assimilation totale d’un Lubitsch au style américain n’est pas sans ambiguïté ou encore que le personnage de Eric von Stroheim est en grande partie créé de toutes pièces par le réalisateur/acteur lui-même.
Certains articles se placent du point de vue cinématographique avant tout, allant jusqu’à décortiquer des scènes de films - qu’il est recommandé d’avoir vus pour bien suivre l’explication - quand d’autres ont un intérêt plus historique, tel celui sur Laemmle, directeur des studios d’Universal. D’une figure l’autre, on s’aperçoit qu’aucun modèle établi ne peut rendre compte d’une immigration diverse dans le temps et les raisons.
Enfin, avec les trois derniers articles, on passe à une autre phase : celle de l’influence revendiquée ou non sur des cinéastes ultérieurs de ces migrants du septième art. Les circonvolutions parfois étonnantes (comment via Hitchcock le cinéma de Lang a pu jouer sur celui de Chabrol par exemple) qui nous mènent à nos jours n’ont d’égales que celles qui ont pu mener ces cinéastes de leur pays d’origine à l’Amérique et mêler leurs multiples attaches.
Vienne et Berlin à Hollywood, sous la direction de Marc Cerisuelo, PUF, 2006, 330 pages et deux cahiers photos noir et blanc, 27 €