Le 16 avril 2018
Avec le spectacle "sporting club", l’ONDIF triomphe à la Philarmonie et fait la différence en deuxième mi-temps en présentant la pièce pour pongistes, percussionniste et orchestre symphonique d’Andy AIKIHO.
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Résumé : Jeux a été écrit par Debussy en 1913 : ce ballet taillé sur mesure pour le célèbre danseur Nijinsky, raconte un drôle de match de tennis. Un match de tennis qui se transforme vite en jeu amoureux puisque l’action se déroule en dehors du terrain ! « Dans un parc au crépuscule, écrit Debussy, une balle de tennis s’est égarée ; un jeune homme puis deux jeunes filles s’empressent à la rechercher. La nuit est tiède, le ciel baigné de douces clartés, on s’embrasse. Mais le charme est rompu par une autre balle de tennis jetée par on ne sait quelle main malicieuse. » Rarement l’orchestre aura été aussi virtuose pour imiter ces balles qui fusent et qui amusent. Passionné par les jeux collectifs, Arthur Honegger hésite longtemps entre le football et le rugby ; puis il se décide enfin en 1928 à écrire Rugby, un « mouvement symphonique » dans lequel l’orchestre sonne comme une ode à l’exploit physique, avec des rythmes parfois sauvages, brusques et désordonnés. Honegger dit vouloir exprimer « les attaques et ripostes du jeu, le rythme et la couleur d’un match au stade de Colombes »… comme si pour le compositeur, les gestes humains pouvaient s’opposer à la dureté des machines et des usines. Les deux œuvres contemporaines qui complètent ce programme s’amusent au même jeu, toujours en s’inspirant des rythmes et des gestes des sportifs. Dans le Concerto du compositeur américain Andy Akiho (né en 1979), deux pongistes jouent même une partie de ping-pong sur scène en totale synchronie avec l’orchestre !
Notre avis : L’enthousiasme à la sortie de ce concert tient autant du plaisir de l’écoute qu’à la liesse d’un supporter sportif lors de la victoire de son équipe, ne fut-ce-telle que d’Ile de France. Sur le thème du sport, en première mi-temps, l’orchestre gagne un set avec Jeux, de Debussy, bien sûr l’exercice physique est un prétexte pour du badinage de sonorités nuancées et floues. Merveilles. Puis vient avec une puissance virile, la transformation de l’essai avec Rugby, d’Honneger. En seconde mi-temps, le concert devient spectacle, et Georgi, le percussionniste aux baguettes lumineuses, hallucine la salle de ses gestes rapides sur une pièce de Xénakis. Ensuite vient l’exploit de cette soirée. Ann-Estell, au premier violon, en juste interprète, initie les impulsions rythmées que reprend Georgi dans la pièce percutante d’Andy. Deux pongistes, primés plusieurs fois dans leur discipline, entrent en scène, et sont totalement transmutés en solistes. Sous la baguette de Julien, ils échangent des balles en rythme, en dispersent une centaine sur toute la scène, aux sons mélodieux de ping et de pong. Fantastique ! La salle n’en revient pas. Un pont de harpe vient éclairer mélodieusement comme une accalmie, le tonnerre entraînant les 90 musiciens et 2 sportifs. L’orchestre est en danger ! Ce hors-piste lui fait du bien. Va-t-il faire mieux que les autres orchestres de la pool (Hsing, Landers, Zeltser, Cossin) ?
Il n’y a pas de prolongation de délai, on touche au but !!!!! Victoire ! La salle fait une holà, sifflets et bravos pendant quinze minutes ! Les jeux du sport et de la musique sont gagnants.
Ce concert qui sera probablement dénigré par les puristes confinés, est la parfaite incarnation de l’intention pédagogique de l’orchestre. On imagine une diffusion large et durable... Tout le monde devrait voir cela. L’ONDIF mérite un AAA (d’A voir, A lire, A aimé) pour l’originalité de cette programmation qui cherche à s’émanciper à toute force et avec succès, de l’image parfois poussiéreuse du classique. Encore ! Encore ! Encore !
Post-scriptum, en annexe et en creux :
Un texte trop intelligent sensé introduire chaque oeuvre et interprété par deux comédiens, est faussement drôle et répétitivement répétitif.
L’intention de la clef d’écoute semble à revoir également, pour préparer à l’écoute, comme son nom l’indique, plutôt qu’à ce déroulé de congratulations entre gestionnaires.
Direction : Julien Masmondet
Violon : Ann-Estelle Médouze
Percussions : Georgi Varbanov
Pongiste : Christophe Legout
Pongiste Daniela Dodean
Comédienne : Elsa Tauveron
Comédien : Yann Lheureux
Proposition Scénique : Édouard Signolet
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