Le 3 juin 2022


- Scénariste : Nicole Angereau>
- Dessinateur : Lucie Castel
- Collection : Hors collection
- Genre : Drame, Voyage
- Editeur : Delcourt
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 4 mai 2022
Un one shot qui entrelace des récits de libertés et d’évasion
Résumé : Un couple d’auteurs et leurs enfants, travaillant à distance, effectuent un tour du monde. Arrivés au cœur de l’Asie, ils rencontrent un aventurier, qui lui même va se mettre à raconter, entre autres, l’histoire d’un couple d’amis qui, partant vivre sur leur voilier, se sont retrouvés face à des pirates somaliens...
Critique : L’actualité reste un creuset sans limite pour qui veut s’en inspirer. La piraterie et ses tragédies demeurent une donnée méconnue, qui donne lieu ici à une histoire enchevêtrée dans une narration complexe, faisant grandir la bande dessinée. En effet, dans cette histoire aux accents de refus d’une société, on trouve une famille qui a décidé de vivre une année autour du monde, faisant l’école aux trois enfants, se délectant de villages isolés où le bruit d’un vieux moteur remplace encore le bruissement des touristes, qui écoute le récit de la vie d’un retraité venu vivre désormais plus de six mois par an sur les routes de l’Asie, assurant ne pas être là pour le tourisme sexuel, qui lui même va faire revivre un couple qu’il a connu, jusqu’aux-boutistes préférant vivre sur leur voilier, voguant sur les océans, quitte à subir la corruption du Canal de Suez. On trouve des rêves d’enfants et des désespoirs d’adultes, des utopies vivaces et des réalités fatales, et c’est là le point fort de ce Vent debout, savoir résister aux écueils ou les subir pour retrouver la sérénité.
© Delcourt / Castel
Les pages sont, à l’image des sujets traités, plutôt chaleureuses, pleines d’humanité et de solidarité, dans leurs couleurs et les visages, même si parfois un voile semble les gagner : les pirates somaliens ne sont pas dépeints avec un pessimisme chancelant, mais bien comme le reste, et c’est ce qui contamine l’impression d’ensemble. De fait, le monde n’est ni idyllique, ni cauchemardesque. La tempête, crevant certaines pages de ciel noir et d’arcs électriques, ne provoque pas davantage d’effroi qu’une séquestration en pleine nuit, avec l’idée de fracasser un crâne qui se repose. On retrouve ensuite les enfants, qui ont mieux dormi que les parents, qui vivent malgré les dangers, et le dessin donne clairement à voir cette dualité pourtant évidente de la vie elle-même.
© Delcourt / Castel
Original à bien des égards, cette BD ne serait pas loin du roman graphique, si son côté fiction avait été un peu plus rattrapé par un côté autobiographique, et pourtant cette impression de vrai ne peut qu’envelopper le lecteur qui ira au bout de ces voiles dessinées.
152 pages – 29,95 €