Le 26 avril 2025


- Scénariste : Bruno Lecigne>
- Dessinateur : Régis Penet
- Genre : Adaptation, Historique
- Editeur : La Boîte à bulles
- Famille : BD Franco-belge
Résumé : Dans ce roman graphique, on s’intéresse à Vautrin, figure emblématique de la Comédie Humaine. Un homonyme, par ailleurs chef de la sûreté de Paris, débarque avec pertes et fracas au château de Saché, où l’écrivain Balzac s’est retiré pour écrire. Il accuse celui-ci de vouloir nuire à sa réputation, en donnant son nom au criminel de la Comédie Humaine. S’en suit un duel littéraire, ayant pour sujet ce personnage emblématique et protéiforme de la littérature française.
Critique 1885, Château de Saché, près de Tours. Balzac, paisiblement retiré pour écrire chez son mécène Margonne, à la – mauvaise – surprise de voir débouler un matin le furieux chef de la sûreté de Paris, un certain… Vautrin. Un juge de Tours entraîné dans son sillage, il espère pouvoir coincer celui qu’il accuse de le calomnier ouvertement. Selon lui, l’auteur s’est inspiré de sa personne pour créer son personnage immoral, malhonnête et manipulateur. Il exige que Balzac le suive à Tours pour y être jugé. Balzac demande à son hôte et sa nièce, peu amènes envers ces intrus, de les accueillir malgré tout pour la nuit, afin d’avoir ensuite une discussion plus aimable au sujet de son ambiguë personnage.
- © Bruno Lecigne, Régis Penet / La Boîte à bulles
Ressort scénaristique amusant que cet écrivain se retrouvant face à sa créature venue lui demander des comptes. Mais plus plausible, historiquement parlant, que fantastique. On sait que Balzac lui-même s’était déjà inspiré de Vidocq afin d’écrire le policier, ancien criminel, faux-prêtre manipulateur qu’était son Vautrin. L’occasion de nous plonger tour à tour dans différents passages de la Comédie Humaine, afin d’illustrer tel ou tel trait de caractère dont Vautrin accuse Balzac de l’affubler pour le calomnier et entacher sa réputation. Ces passages sont illustrés en monochrome brun afin de les différencier des scènes du « réel » plus colorées. On traverse Le Père Goriot, mais aussi Les Illusions Perdues, ou encore Splendeur et misère des courtisanes, pour y retrouver avec plaisir – souvenirs de lycée ou de lectures plus matures – Rastignac, Rubempré ou Esther van Gosbeck, autres créatures emblématiques de l’auteur. Les plus connaisseurs de Balzac se délecteront des extraits de sa correspondance avec la Comtesse Anska – qu’il épousera, après des années de passion impossible et juste avant sa mort, et aux cotés de laquelle il est inhumé au Père Lachaise.
- © Bruno Lecigne, Régis Penet / La Boîte à bulles
Le débat est dans tous les cas houleux. Le Vautrin de Balzac, bien qu’à la moralité plus que douteuse est un personnage protéiforme, as de la tromperie, à tour de rôle forçat ou abbé, banquier ou policier, qui tient une place toute particulière au sein de la Comédie Humaine. Les auteurs en profitent pour interroger les origines du personnage, et la place du crime dans l’œuvre de Balzac.
L’illustrateur, habitué des adaptations littéraires (Antigone, Lorenzaccio), met son trait semi-réaliste au service de planches claires, fluides, aux décors documentés. Un cahier documentaire complète l’ouvrage. On y retrouve des information sur Vautrin, des analyses balzaciennes et toute une réflexion sur le crime au XIXe siècle.
L’ouvrage est réalisé en partenariat avec le Musée Balzac - Château de Saché, dans lequel se déroule l’intrigue de la BD, et qui organise, pour de vrai cette fois-ci et pour 6 mois, une exposition consacrée à la figure de Vautrin. La publication accompagne une exposition visible jusqu’en octobre 2025 au Musée Balzac.
160 pages – 23 €