Mords moi avec modération
Le 5 mars 2014
Un nouveau trip façon Twilight en mode American Pie par le réalisateur de Lolita malgré moi ? La réponse est non.


- Réalisateur : Mark Waters
- Acteurs : Gabriel Byrne, Olga Kurylenko, Zoey Deutch, Lucy Fry
- Genre : Comédie, Fantastique, Action
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 5 mars 2014

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Un nanar, un vrai de vrai, de ceux qui nous effraient pour l’intellect de nos ados, mollasson, vide de sens et même de sang. Le comble pour un film de vampire...
L’argument : Rose et Lissa ont toujours été inséparables. Elles pourraient être comme toutes les jeunes filles de leur âge, mais Lissa est une princesse vampire Moroï que Rose est chargée de protéger. Pour avoir fugué
de l’académie, les deux amies sont punies et Rose est désormais surveillée par le très strict Dimitri. Sa condition devient encore plus compliquée à gérer lorsque son attirance pour son mentor grandit… Alors que Lissa hésite à assumer ses fonctions royales, ses ennemis préparent dans l’ombre un plan pour la détruire et éteindre sa lignée…
Notre avis : Peut-on faire pire que Twilight ? Force est de constater que les temps nous obligent à répondre par l’affirmative. Après la débâcle des adaptations sur grand écran des Âmes vagabondes et de The Mortal Instruments et en attendant Divergente-seul bouquin de la littérature SF adulescente à pouvoir rivaliser avec les Hunger Games-, on avait bon espoir que ce Vampire Academy, par son aspect décalé, parvienne à créer la surprise. Désillusion totale dès les premières minutes du film, où l’on comprend non seulement que la mise en scène ne sera pas à la hauteur, les scènes d’action n’ayant absolument aucun panache et semblant dangereusement lentes, mais surtout que le scénario n’apporte strictement rien de neuf.
Bouillie informe nourrie aux relents de Twilight, Percy Jackson, Harry Potter et consorts, l’histoire s’avère tristement conventionnelle et le film ne parvient jamais à transcender ses modèles, pompant ça et là sans réelle cohérence narrative. Les personnages, caricaturaux à souhait, n’ont aucune existence propre et sont enfermés dans un schématisme pesant (la brunette censée protéger la blondinette ressent tout ce que sa pauvre amie endure) d’une complète mièvrerie et les seconds rôles passent complètement à la trappe. La preuve avec le sort infligé à Gabriel Byrne et Olga Kurylenko, qui se sont sans doute trompés de plateau de tournage. Autre dysfonctionnement majeur, l’intrigue, non contente de cumuler des incohérences à la limite du ridicule, n’a strictement aucune profondeur, laissant aux esprits les moins rompus à l’exercice tout le loisir de démêler ses grosses ficelles.
- Le bal des vampirettes
- © Metropolitan FilmExport
Mais le principal échec de Vampire Academy, franchise au succès pour le moment tout relatif, réside dans l’annihilation pure et simple du potentiel comique. A peine plus drôle que Spartatouille et autres ratatouillades non comestibles (Mord moi sans hésitation, The Big Movie) qui avaient au moins le mérite de s’assumer en tant que telles, le film brille par sa capacité à refuser systématiquement toute situation potentiellement burlesque. Plutôt que de vouloir nous faire suivre à tout prix un fil conducteur bidon, les scénaristes auraient beaucoup gagné à prendre des distances avec l’oeuvre originale en jouant davantage la carte du second degré et en trouvant des spécificités comiques propres aux vampires et autres créatures magiques. Hélas, la simplification et les clichés sur la psyché des adolescents sont encore une fois de mise et forment le socle effrité sur lequel repose l’intégralité du récit. On nous promet du sexe, du sang, du fun. L’ensemble est tellement aseptisé qu’il ne subsiste rien de tout cela, et notre désir de voir un American Pie ou un Sex Academy vampire n’est jamais assouvi. Il n’y a guère qu’une scène (attention so hot) où l’on entrevoit l’espace de quelques secondes la jolie brune (Zoey Deutch, 19 ans, seul vrai atout charme du film) en tenue légère. Pas de quoi fouetter un chat.
Au final, entre ses love stories débilitantes, ses effets spéciaux cheap, son humour à trois gouttes de sang, sa pseudo-critique du pouvoir et de l’oligarchie et un message très bien pensant sur l’intégration et le vivre ensemble, Vampire Academy n’a pas de quoi aiguiser les canines. Dommage car le final laissait présager un numéro deux. Étonnant hein ?