Beaucoup de bruit pour pas grand-chose
Le 17 mai 2021
Dans la lignée des Apaches, le nouveau long-métrage de Thierry de Peretti se veut un film naturaliste explorant la folie humaine et le radicalisme politique des nationalistes corses, mais n’est rien d’autre qu’un amas de violence et de cris, comme son titre l’indique.
- Réalisateur : Thierry de Peretti
- Acteurs : Jean Michelangeli , Henri-Noël Tabary, Marie-Pierre Nouveau, Cédric Appietto, Jean-Étienne Brat, Paul Garatte
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h47mn
- Date télé : 17 mai 2021 22:35
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 9 août 2017
- Festival : Festival de Cannes 2017
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Résumé : Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane décide de retourner en Corse pour assister à l’enterrement de Christophe, son ami d’enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les évènements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et du radicalisme politique à la clandestinité.
Critique : Sans doute connaissons-nous assez mal la Corse, stigmatisée par les indépendantistes et les attentats perpétrés par les nationalistes. La blague du Corse à la cagoule (« Vous portez une cagoule, vous habitez en Corse ? ») est devenue courante dans le langage de tous les autres habitants de la France métropolitaine. Un film sur la Corse fait par un Corse apparaît donc comme une aubaine pour en savoir plus sur la population et l’histoire de cette petite île.
Toutefois, le dessein du réalisateur Thierry de Peretti n’est pas de filmer une critique réaliste – ou même naturaliste – de la Corse. Profondément marqué par les violences qui gangrènent sa région natale depuis des décennies, le cinéaste explique vouloir explorer le territoire mental et historique du nationalisme. Un projet prometteur, qui tombe pourtant à l’eau.
- Copyright Pyramide Distribution
Une vie violente porte bien son titre. Une heure quarante-sept durant, nous sommes plongés dans le quotidien sanglant d’anarchistes politiques qui enchaînent les crimes à vitesses grand V. Non pas que la violence soit gênante au cinéma ; au contraire, elle est souvent cathartique. Thierry de Peretti parvient à la filmer sans réelle complaisance, souvent même avec une certaine bienséance, restituant plusieurs scènes d’exécution en plans d’ensemble pour préserver un peu son spectateur.
Les œuvres naturalistes, contrairement à celles du classicisme, n’ont jamais craint de montrer ou décrire explicitement la violence, tout en portant un regard scientifique, analytique et critique sur la folie et le pathos des personnages qu’elles mettent en scène.
- Copyright Pyramide Distribution
C’est justement cette dimension psychologique qui manque au film de Thierry de Peretti. On se trouve la bien plus dans un film spectaculaire, excluant l’exploration de la complexité des rapports humains et tendant à réduire la psyché des protagonistes à celui de bêtes sauvages, que dans un véritable film naturaliste.
Le héros, Stéphane, joué par Jean Michelangeli, est quasiment de tous les plans, éclipsant de fait presque tous les autres personnages, y compris Christophe, son meilleur ami, à qui le film est censé accorder une place importante (d’après l’argument) mais dont la personnalité et le caractère ne sont pas assez bien définis.
Il y a trop de séquences de bagarres, tensions, cris, pas assez de scènes intimes pour développer suffisamment les personnages et encore moins de véritable réflexion psychologique, philosophique ou politique suffisamment pertinente pour faire d’Une vie violente un grand film social.
– Semaine de la Critique Cannes 2017
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