Une vie comme un été - La chronique BD

Le 3 octobre 2018

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Scénariste : Thomas VON STEINAECKER >
Dessinateur : Barbara YELIN
Collection : Hors collection
Genre : Drame, Roman graphique
Editeur : Delcourt
Famille : BD Franco-belge
Date de sortie : 29 août 2018

Disponible sur

Une vie en forme d’épilogue, une fable moderne sans fard ni brutalité.

Résumé : Gerda aime les étoiles depuis toujours. Sans briller en société, sans chercher à les atteindre en vrai, elle a passé son existence à les étudier, quitte à y sacrifier un peu de sa vie privée. Arrivée au bout du voyage, elle se remémore, contemple et souffle sur ses étoiles et sur ses années, dans un mélange tendre et faiblement éclairé.

Une vie tranquille, sans grandes tragédies ou immenses succès, avec ses brusques accrocs et ses timides réussites, et toujours un lien immatériel et indéfinissable avec le ciel et le lointain, voilà le thème de ce roman graphique plein de vie et de mélancolie. Pas d’émotions fortes et fugaces, mais bien un long sentiment diffus qui mêle la tristesse au bien-être, sans jamais aller jusqu’à l’abattement ou l’épanouissement qui auraient pu être recherchés. Des souvenirs sont étalés, disparates, un quotidien qui part lui aussi en bribes, en morceaux, voilà le ressenti, le vécu de cette narratrice, Gerda, fragment d’étoile parlant de tout, poussière parlant de la terre. Philosophique, Une vie comme un été ? Assurément, le titre l’évoque, entre Shakespeare et Épicure, Vivaldi ou Spinoza, et même plus que cela, laissant la liberté au lecteur de voir, comprendre et ressentir ce qui le touche ou lui plaît dans l’album. L’œuvre a cette particularité de ne pas avoir de structure de récit, d’alterner les points de vue, de flâner à travers les moments de la vie mais aussi de l’espace, et tout paraît sans intérêt, mais tout a une arrière pensée.

Forcément, le dessein philosophique allait de pair avec un dessin poétique, profond et léger à la fois, sans lien ni corps uniforme toutefois. Certaines pages apparaissent vides, d’autres trop pleines au début, mais l’ensemble va se révéler au final cohérent, dans ce choix d’un dessin en forme de songe, ni réel ni rêvé, qui semble flotter comme des pensées de chacun, contemplant la mer ou revoyant quelques scènes de sa vie. Barbara Yelin danse avec son personnage, dresse un tableau mouvant, fait sautiller selon l’envie ou le souvenir, et créé une bande dessinée aux allures de méditation sous un ciel étoilé.

Fascinant malgré son absence de charisme, touchant sans être triste, Une vie comme un été est un roman graphique et empathique, philosophique et pourtant très proche, vivant et brillant en ce sens qu’il appelle à plus de hauteur et en même temps plus de modestie.

80 pages - 15,95€