Le 18 septembre 2013
- Acteurs : Kevin Spacey, Mads Mikkelsen
Alors que OCS et Canal + s’apprêtent à moderniser leurs offres, la télévision, de plus en plus axée sur les séries, poursuit sa mutation. Etats des lieux.
Alors que OCS et Canal + s’apprêtent à moderniser leurs offres, la télévision, de plus en plus axée sur les séries, poursuit sa mutation. Etats des lieux.
On en parle depuis un moment, dans les festivals, à la radio, lors de tables rondes. La télévision est en train de changer, façonnée par les nouveaux modes de consommation. Le morcellement des audiences s’est accentué avec le développement quantitatif et qualitatif de la TNT. Le public, volatile, est un picoreur. Il navigue entre ses différents écrans, passant de TF1 à YouTube pour aller sur D8 et finir sur son site de streaming. Et alors que le cinéma ne fait plus recettes pour les diffuseurs, la série télévisée est devenue le nerf de la guerre. Aux Etats-Unis, l’offre est d’une telle qualité qu’un journaliste du New York Times propose une loi visant à payer les créateurs pour ne pas créer et, ainsi, nous laisser le temps de tout voir. Ce n’est pas étonnant si le spectateur français ne veut plus attendre un an pour voir ce qui se fait de mieux là, maintenant. Et évidemment, il n’hésitera pas à passer par la voie illégale. En quelques années, internet est devenu son meilleur ami, un ami ex-taulard tatoué qui lui a fait braquer les rayons vidéos de la Fnac. Rapidement, le grand frisson s’est transformé en habitude et même Roger le fleuriste est devenu un « hors-la-loi ». Alors devant cette offre illégale et, paradoxalement, supérieure, le public est forcément devenu exigeant. C’est un enfant gâté qui veut tout, tout de suite. Au festival international de télévision d’Edinbourg, l’acteur principal de House Of Cards, Kevin Spacey, s’exprimait sur le sujet : Give people what they want, when they want it, in the form they want it in, at a reasonable price and they’ll more likely pay for it rather than steal it”. “ Donnez aux gens ce qu’ils veulent, quand ils le veulent, dans la forme qu’ils veulent, à un prix raisonnable et ils seront plus enclins à payer pour l’avoir plutôt que de le voler ».
Autant dire qu’il a tout compris. Comment convaincre le public de payer pour une offre nettement inférieure à ce qu’il peut trouver gratuitement ? Avec un flingue sur la tempe. Ce que Hadopi ne pourra jamais être. Pour lutter contre le piratage, un gendarme qui vous envoie des mails est moins efficace qu’une offre de qualité à prix acceptable. Devant ces nouveaux modes de consommation, on constate que la télévision à la demande par abonnement (SVOD) s’est développée. C’est Netflix, le géant américain, qui a ouvert la voie pour le monde entier. Avec ses créations originales (House Of Cards, Orange Is The New Black), il a dépassé en nombre d’abonnés le maître de la série télévisée, HBO. Un catalogue absolument énorme pour 8 dollars, il est difficile de lutter. En France, les chaînes de télévision redoutent son arrivée sur le territoire. Canal Plus avait réagit mollement en proposant son Canal Play Infinity, limité par la chronologie des médias. Ne pas avoir de films récents devrait justement inciter le groupe à miser sur les séries qui, de toute façon, attirent plus que les longs-métrages. Pourtant, l’offre est pauvre, d’un autre temps. Les vieilleries françaises côtoient quelques séries américaines à moitié complètes. Une saison par ci, une saison par là et puis plus rien. Un résultat à peine tiède qui contraste avec l’éclat et les paillettes que cherche à représenter Canal Plus. Il y a quelques mois, le groupe présentait sa nouvelle chaîne. Pas forcément convaincante, elle avait le mérite de se présenter sous une forme plus alléchante. Le 21 Septembre, Canal Plus Séries viendra compléter le bouquet de la chaîne cryptée.
Au programme, Hannibal, Utopia ou The Americans. Des séries de qualité pour un public de niche. Et c’est ici que le bât blesse, les sériphiles visés par la chaîne ont, pour beaucoup, déjà visionné ces fictions au moment de leur sortie, il y a près de six mois. Canal Plus aurait pu incorporer ces fictions en J+24 (le lendemain de sa diffusion originale) à l’une de ses offres mais a préféré attendre. La diffusion de Scandal un jour après sa diffusion américaine ne suffira pas. Dommage. Il y a quelques jours, OCS annonçait sa rentrée avec une offre forte et sans demi-mesure, enfin. La bonne nouvelle, c’est qu’elle poursuit son partenariat avec HBO pour cinq ans minimum. Sur sa nouvelle chaîne, OCS City, elle proposera les séries de HBO le lundi soir, un jour après la diffusion américaine. Elle aura donc la bonne idée d’incorporer les US+24 à sa grille de programmation, ce qui est essentiel. Cela permettra, entre autres, de créer un rendez-vous, un vrai, qui pourra vivre sur les réseaux sociaux. Les créations originales Zak ou Lazy Company seront programmées ensuite, boostées par un vrai leading à l’américaine. Avec Game Of Thrones, la très prometteuse True Detective, Girls ou Boardwalk Empire qui seront, à terme, en quasi-simultané, l’offre est alléchante. Surtout qu’OCS est allé piocher sur le câble américain et en ramène quelques trouvailles intéressantes. En prime, nous pourrons enfin regarder la très grande série de FX, Louie, sur une chaîne française. Les sériphiles l’attendaient, OCS l’a fait. Alors, oui, le service acquisition a fait son boulot et propose un très joli catalogue mais la vraie avancée est ailleurs. OCS Go, autre nouveauté, sera un service de SVOD qui proposera les grands classiques HBO comme Les Soprano ou The Wire.
Ajouté à cela, les anciennes saisons des séries actuellement à l’antenne, un peu de catch-up Tv et quelques séries en J+24, le tout devient très complet. La SVOD est une opportunité pour la télévision, une nouvelle porte d’entrée. Elle donnera l’occasion au spectateur de rattraper le train des séries qu’il n’a pas vu et de devenir, finalement, plus concerné par la programmation. Le prix du bouquet ne changeant pas, il s’agit bien là de la meilleure offre série du PAF. Et de très, très loin. Avec cette rentrée agressive, OCS ringardise l’offre encore inédite de Canal Plus et de sa chaîne 100% séries. Surtout, elle pose ses premiers barbelés en vue du débarquement Netflix. En combinant la SVOD à son bouquet de chaînes, elle expose les premiers signes d’une télévision qui accepte sa mutation. Là où Canal Plus refuse de développer son Canal Play Infinity de peur qu’il cannibalise les audiences de Canal +, Orange montre à quel point télévision et SVOD peuvent être complémentaires. La révolution est (enfin) en marche.
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